Le centre de torture établi au sein de la caserne militaire à "Ammi Moussa" (80 kms au sud de Relizane) témoigne de la barbarie et de la sauvagerie des crimes perpétrés par la soldatesque française depuis le début de la colonisation du pays.
Le sinistre centre, situé à l'entrée sud de la ville, a été érigé en 1843 sur ordre du gouverneur général colonial en Algérie Bugeaud, dans le but d'imposer la présence française dans cette région montagneuse de l'Ouarsenis, gagnée par la résistance de l'Emir Abdelkader, a indiqué le chercheur et spécialiste de l'histoire de la région, Mohamed Lahcène dans un entretien à l'APS.
Ce haut-lieu de pratiques inhumaines et d'exécution sommaire d'Algériens est considéré comme l'un des plus importants centres de torture implantés en Algérie par les forces coloniales.
Durant presqu'un siècle, les interrogations musclées, les méthodes de torture et les pratiques barbares n'ont pas cessé d'être exercées d'une manière systématique. Ces crimes s'ajoutent aux spoliations des biens, à la politique de la terre brûlée, aux assassinats collectifs, destructions totale s des villages et hameaux, érigés en systèmes immuables.
Le centre est constitué de 13 cellules individuelles et collectives en plus de salles destinées aux interrogatoires et aux séances de torture dans lesquelles les bourreaux français redoublaient d'efforts pour "innover" dans les formes les plus horribles pour arracher les aveux de leurs victimes. Ces pratiques dépassaient de loin des crimes collectives perpétrés contre les peuples que retient l'histoire de l'humanité.
La région montagneuse de l'Ouarsenis occidental a abrité les commandements de la zone 4 de la wilaya V historique. Elle a connu l'horreur des pires pratiques inhumaines ayant ciblé hommes, femmes, enfants et même bébés, notamment ceux des agglomérations de Ammi Moussa (Remka et Oued Rhiou), a précisé le chercheur.
Après le déclenchement de la lutte armée, les militaires et tortionnaires français ont utilisé toutes les formes de torture contre les moudjahidine et la population civile, comme la gégène, la pendaison, la noyade, l'usage des tessons de bouteilles, les morsures de chiens dressés et autres "techniques" qui laissent à jamais des séquelles physiques et psychologiques indélébiles contraires à toutes les valeurs et principes de droit de l'Homme. Des rescapés de ce sinistre centre ont fait également état de cas de li quidations sommaires par des pelotons d'exécution ou par pendaison sous les yeux des personnes emprisonnées, ce qui crée dans ce milieu carcéral une atmosphère de terreur et de psychose, a poursuivi le chercheur en histoire.
Il a exhorté à la nécessité d'intensifier les travaux de recherches sur la mémoire des sacrifices des Algériens face à la sauvagerie du colonialisme français, dont les traces restent comme stigmate sur le front de l'auteur de l'une des plus grande barbarie que retient l'histoire de l'humanité.