Un "grand travail de mémoire" a été mené en Algérie et ailleurs depuis 1962 au sujet des massacres du 8 mai 1945, a relevé vendredi le chercheur en histoire, Hassan Remaoun.
Dans une déclaration à l'APS à l'occasion de la commémoration du 75e anniversaire des événements tragiques du 8 mai 1945, M. Ramaoun s'est félicité des recherches effectués sur ces massacres, citant plus particulièrement le travail réalisé par des historiographes nationaux comme Mahfoud Kaddache, Mohamed Harbi, Redouane Ainad Tabet et Boucif Mekhaled. A ceux-là, s’ajoutent "les récentes contributions de chercheurs comme Amar Mohand Amer (CRASC) ou encore de Kamel Benaïche, journaliste ayant consacré en 2016 un ouvrage aux événements en question", a-t-il dit.
Le chercheur considère que les tragiques massacres du 8 mai 1945 sont "un moment très douloureux de notre passé et un lourd tribut payé par les Algériens pour se libérer de la domination coloniale française. Un sacrifice qui impose de nous incliner devant la mémoire de ceux qui, durant plus d’un siècle, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour que notre pays accède à la souveraineté nationale".
M. Remaoun a cité, par la même occasion, l’historien Redouane Ainad Tabet qui avait "toutes les raisons du monde pour écrire que le 8 mai 1945 avait constitué une sorte de +répétition générale+ du 1er novembre 1954".Il estime que depuis le tournant historique de la présence coloniale française en Algérie, la société algérienne a "traversé un long chemin, certes semé souvent d’embuches, mais n’en na pas moins accumulé une grande expérience dans la capacité à se saisir de l’initiative historique pour tenter de maîtriser sa destinée".
"Ce qu’il y a d’heureux, c’est qu’elle (la société algérienne) est désormais en mesure de juguler les formes de violence guerrière qui lui étaient imposées par le passé pour lui substituer l’art de la confrontation et du débat politique", a encore commenté M. Remaoun, associé au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.
Il a par ailleurs, abordé les questions mémorielles entre l'Algérie et la France, affirmant qu'"en ne reconnaissant pas les crimes liés à leur passé impérial, les autorités françaises portent atteinte à l’honneur de leur propre pays, alors que le nôtre est sauf depuis notre contribution à l’effondrement du système colonial et l’accession arrachée à l’indépendance nationale".
L’historien pense que "l’essentiel est que les Algériens ont mené leur combat national et qu’ils l’ont gagné, comme ils doivent s’atteler à remporter les autres combats qui les attendent".
Il a relevé, à ce propos, qu'un "certain nombre de petits pas a été opéré par les autorités françaises depuis la défunte loi de février 2005 (première mouture), ajoutant que "face aux nostalgiques de la colonisation et à l’opportunisme électoraliste des forces politiques en présence, il existe en France des citoyens, des historiens, associations et autres institutions qui mènent un combat permanent pour que la vérité soit reconnue et justice rendue aux victimes de la colonisation".
Il a appelé à rendre hommage à ces composantes dont certaines "ne cessent de dénoncer l’oppression et ce, depuis l’ère coloniale", considérant qu’il appartient aux Algériens de les "soutenir dans leur combat".
Pour le chercheur associé au CASC, "il est de notre devoir de questionner notre passé, non seulement pour répondre à une demande de mémoire à léguer aux jeunes générations, mais pour tirer les enseignements nécessaires et pour mieux maîtriser notre présent et influer autant que possible sur notre futur".