Ramadhan à Adrar Un mois de grande ferveur dans la région

Publié par DK NEWS le 02-05-2020, 14h33 | 23

Le mois de Ramadhan constitue une période de grande ferveur pour les adraris qui s’emploient à vivre cet évènement religieux dans une ambiance de spiritualité particulière et de ressourcement, telle qu’héritée à travers les générations, en dépit de la domination de la société moderne par les nouvelles technologies.
Khalti Latifa, septuagénaire de la ville d’Adrar, a confié à l’APS qu’entre-autres coutumes ressuscitées dans la gaieté, l’échange de vœux et de bonnes nouvelles, en plus de la récompense du messager, enfant ou invité, porteur de la confirmation du début du mois sacré.
L’évènement donne également lieu, outre les échanges de visites et veillées nocturnes, bien que très limitées cette année, en raison des mesures préventives contre le Covid-19, à l’organisation de cérémonies en l’honneur de l’enfant qui jeûne pour la première fois.
La famille organise, ainsi, un Ftour (repas de rupture de jeûne), en l’honneur de cet enfant, en le vêtant d’une nouvelle tenue en guise de reconnaissance à son endurance et sa capacité à supporter la faim et la soif, et ce, en présence de ses amis.
Une ambiance similaire est organisée en l’honneur de la fillette jeûnant elle aussi pour la première fois et qui sera, en cette circonstance, l’invitée de sa grand-mère.
Celle-ci s’emploie à ne pas décevoir sa petite-fille, joliment parée et vêtue, et l’honorera devant ses invitées, voisines et amies, et lui organisera une cérémonie à l’occasion de son premier mois de jeûne, a expliqué Khalti Latifa.
Bien que très attachés aux traditions et coutumes ancestrales aux dimensions socio-religieuses, les Adraris se sont retrouvés cette année contraints de limiter les cérémonies et regroupements, du fait de la propagation du nouveau Coronavirus et des exigences de respect des mesures de prévention.
S’agissant des préparatifs culinaires ancestraux, Khalti Aicha, septuagénaire, issue de Ksar de Timi, a indiqué que le Ramadhan est pratiquement marqué par la préparation d’une panoplie de mets spécifiques à ce mois et marqués notamment par l’amélioration du plat principal et indétrônable de "Zembo", une soupe locale à base de blé, dont aucune table ramadhanesque ne se passe, avant de passer au rituel service thé.
De son côté, Khalti Mebarka, du Ksar de Bouda, a confié que les réunions conviviales, très restreintes cette année, font partie des rites sociaux que les familles locales tiennent à préserver et à agrémenter de plats culinaires dont le "Sfouf", plat séculaire servi au moment du Shour (repas d’avant reprise du jeûne), un mets traditionnel accompagné de lait ou de lait caillé, pour certains, et suivi de tasses de thé pour d’autres. Ce plat est riche en ingrédients tels que les dattes broyées, mélangées à des plantes aromatiques susceptibles de revigorer le corps humain, dont le romarin, armoise, nigelle, ainsi que le lait asséchée (Klila), le tout imbibé de beurre pur dit "D’hane Arab", a expliqué El-Hadja Mebarka. Pour elle, le Sfouf est conservé dans un récipient traditionnel "Teddara", produit de vannerie à base de brindilles et branches de palmier et servant à le préserver de l’humidité. En dépit de la richesse de la cuisine moderne, les anciens mets restent les maîtres de la table ramadhanesque dans les différentes régions de la wilaya d’Adrar, souligne-t-elle avec fierté.