Hongrie - immigration Les demandeurs d'asile en zones de transit traités "illégalement"

Publié par DK NEWS le 24-04-2020, 13h41 | 4

Les demandeurs d'asile hébergés dans le camp hongrois de Röszke, à la frontière avec la Serbie, sont en situation de "rétention" et traités "illégalement" par le gouvernement de Viktor Orban, a estimé jeudi l'avocat général auprès de la Cour de justice de l'UE.
La juridiction, établie à Luxembourg, devrait rendre son arrêt dans plusieurs semaines.
Elle n'est pas tenue par l'avis de l'avocat général.
Dans ce dossier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a été saisie par la justice administrative hongroise du cas de quatre migrants originaires d'Iran et d'Afghanistan, ayant vu leur demande d'asile rejetée par les autorités hongroises.
Ballottés entre la Hongrie et la Serbie, pays de transit qui n'a pas voulu les réadmettre après ce rejet, les quatre hommes ont estimé que leur sort était contraire à une directive de l'Union européenne datant de 2013 sur l'accueil des réfugiés.
A leurs yeux, le refus de réadmission en Serbie aurait dû conduire la Hongrie à "reprendre la procédure pour examiner au fond leur demande d'asile initiale", plutôt que d'ordonner leur expulsion ver s leur pays d'origine, explique la CJUE dans un communiqué, repris par des médias. En outre, est-il ajouté, ils ont considéré que les conditions de leur hébergement dans la "zone de transit" de Röszke constituait "une rétention illégale" au sens de cette directive de l'UE (la "directive accueil"). Après examen du cas, l'avocat général Priit Pikame a donné raison aux quatre migrants,fustigeant des conditions d'hébergement, qui témoignent "d'une situation d'isolement et d'un degré élevé de restriction de la liberté de mouvement des demandeurs d'asile au point de rendre cette situation un cas de "rétention". De plus, a-t-il constaté, "le régime juridique prévu par la directive accueil (...) n'ayant pas été respecté par les autorités hongroises, la rétention des demandeurs d'asile en cause doit être qualifiée d'illégale". 
Depuis la crise migratoire de 2015, la Hongrie a régulièrement été dans le collimateur de l'UE sur ce sujet. Le pays, dirigé par un gouvernement hostile à l'accueil de réfugiés, a érigé une clôture partiellement électrifiée tout le long de sa frontière avec la Serbie, et de celle avec la Croatie. Stoppés par cette barrière, les migrants souhaitant entrer en Hongrie n'ont d'autre choix que de passer par l'une des deux "zones de transit" installées à la frontière, à Tompa et à Röszke : il s'agit de camps formés de conteneurs et entourés par des barbelés où leur demande d'asile est examinée. Selon Budapest, il y avait 321 personnes dans ces deux zones de transit en mars, au moment où elles ont été interdites d'accès en raison des risques de propagation du nouveau coronavirus. L'avis de l'avocat général "laisse espérer aux gens détenus depuis très longtemps dans ces zones de transit, parmi lesquels plus d'une centaine d'enfants, que la Hongrie va finalement étudier le bien fondé de leurs demandes d'asile", a réagi jeudi Barbara Poharnok, du Hungarian Helsinki Committe(HHC), la principale organisation de défense des droits en Hongrie.