
Tout en qualifiant de "salutaire" l'avancement des prochaines vacances scolaires et universitaires, ainsi que la fermeture des crèches et autres garderies conséquemment à l'apparition du coronavirus en Algérie, les parents d'écoliers n'en éprouvent pas moins des "difficultés" quant aux moyens d'occuper le temps libre de leurs enfants, tandis que les spécialistes recommandent d'éviter les regroupements comme mesure barrière face au risque de contamination.
"C'est une bonne et salutaire décision que de faire avancer les vacances scolaires et universitaires en raison du réel danger que représente la proximité dans les écoles et universités, d'autant plus que les classes sont souvent chargées", déclarent à l'APS, des parents d'élèves et d'étudiants, au moment où la majorité de ceux approchés, parmi ces derniers, a affiché une franche "satisfaction" de voir prolonger leurs vacances.
Tout en mettant en exergue les "dangers" qu'encourent leurs rejetons en se rendant à leurs habituels établissements scolaires et universitaires, en raison de la "s urpopulation" de ces édifices, bon nombre d'entre eux se disent avoir été " pris de court" par cette mesure d'exception, pour laquelle ils ont dû "chambouler" la routine de leur quotidien, afin d'assurer leur présence à la maison, d'une part, et de gérer le temps libre dont disposent leurs enfants, d'autre part.
"Lorsque j'ai pris connaissance de la décision, je l'ai trouvée raisonnable mais en même temps cela m'a rendue anxieuse étant donné que je travaille.
N'ayant pris aucune disposition en avance et ne pouvant laisser les enfants chez autrui, je vais vraiment devoir chercher la meilleure solution à cette situation", lâche Djamila, employée de bureau, mère de deux enfants scolarisés.
Il faut dire que c'est davantage les femmes travailleuses qui ont été confrontées à cette situation inédite, en raison des nombreuses obligations qui leur incombent, les contraignant parfois à recourir au "système D" pour y faire face.
Certaines mamans ont dû précipitamment introduire des demandes de congé auprès de leurs employeurs, pendant que d'autres ont fait appel à leurs proches pour "surveiller et accompagner" leurs enfants pendant qu'elles vaquent à leur travail.
"Je reconnais que ce sont les mamans qui se plaignent davantage de cette situation, certes nécessaire mais déroutante au départ.
En reva nche, nous autres papas, avons plus de latitude à gérer cette nouvelle donne.
Si bien, que peu d'entre mes collègues hommes ou ceux de mon entourage n'ont été contraints de prendre congé ou une quelconque absence de leur travail", commente Samir, ingénieur d'Etat dans une entreprise publique.
D'aucuns y ont même vu leurs charges "allégées" n'étant plus contraints de déposer leurs enfants à l'école ou à leurs crèches et de les chercher, au retour, tandis que d'autres, se sont mis à assister leurs épouses dans leurs multiples charges.
Une fois trouvée l'ingénieuse solution pour "ne pas laisser seuls les enfants à la maison", les parents ont dû se triturer les méninges pour "les occuper de la meilleure manière" qui soit, sachant que pour certains d'entre eux, la "chose est loin d'être si évidente" en raison du tempérament "particulièrement agité" de leur progéniture.
"L'un de mes enfants est assez insolent et n'en fait qu'à sa tête.J'ai souvent du mal à me faire obéir sans recourir aux sévères punitions.Ce n'est qu'une fois son père rentré du travail que son agitation retombe sensiblement", confesse une maman.
D'autres mamans avouent être "contrariées de devoir empêcher leurs enfants de jouer à l'extérieur avec leurs amis et voisins, en raison des menaces d'infection au Covid-19, la rue éta nt parfois un réceptacle de leur énergie débordante.
Nombreux sont les parents qui ont "lâché du lest" s'agissant des restrictions imposées à leurs enfants quant à leur recours à internet, estimant que "le temps libre supplémentaire dont ils disposent leur octroie plus de liberté à surfer".
Et à certains de faire cette précision : "A condition de contrôler le contenu des publications qu'ils consultent".
La conscience collective doit être de mise...
"Face à cette situation, les parents doivent inciter leur progéniture à prendre son mal en patience, en meublant le plus utilement possible son temps libre", préconise le président de la Fédération nationale des parents d'élèves, Ahmed Khaled, recommandant, sur le plan pédagogique, d'inciter les écoliers à "réviser les cours précédents et, si possible, préparer ceux du prochain trimestre".
Les mères, en raison de leur plus grande présence aux côtés de leurs enfants, sont "particulièrement sollicitées pour tracer des emplois du temps quotidiens" à ces derniers, incluant, outre les études, des émissions télévisuelles de distraction, voire même "leur entraînement à la création de jeux ludiques ", tout en attirant leur attention sur la nécessité de "limiter" leur recours à internet, notamment les réseaux sociaux. "S'il a été décidé que les écoles ferment précocement leurs portes, c'est par souci de préserver la santé et la vie des écoliers mais aussi de l'ensemble de la population.
Or, nous constatons des regroupements de familles dans les lieux de divertissement et même dans des espaces comme des marchés où des mères se font accompagner par les enfants en faisant leurs courses", s'exclame M. Khaled, s'agissant de la nécessité d'éviter, au mieux, les contacts avec les foules.
Tout en rappelant les consignes éditées par les spécialistes de santé selon lesquelles les rassemblements de plus de deux (02) personnes peuvent représenter "un potentiel danger" pour la collectivité, il convie les pouvoirs publics à procéder à "la fermeture totale" des endroits publics et autres sites de grande fréquentation, le nouveau virus étant "ravageur et mortel".
"La vitesse inquiétante de propagation du Coronavirus exige de nous qu'on s'en prémunisse et qu'on prémunisse la santé de notre entourage", poursuit le représentant des parents d'élèves, soulignant "l'impératif" de rappeler aux enfants d'observer le respect des précautions hygiène.
L'état de siège comme riposte à l'incivisme...
"Nous ne pouvons pas substituer un endroit de confinement par un autre. Il s'agit pour la population de se soumettre aux consignes des autorités, elle ne doit plus ignorer le danger que représente ce virus et qui relève d'une question de vie ou de mort.
Si les citoyens continuent à faire preuve d'incivisme, il faudra penser à décréter tout simplement l'état de siège", fait observer le président du Conseil de l'Ordre national des Médecins algériens, Dr Mohamed Bekkat Berkani.
Plaidant ainsi pour "les grands moyens, face aux grands maux", il recommande aux parents d'"éviter" à leurs enfants de se retrouver dans des lieux publics comme les parcs, les forêts, les jardins, etc, et ce, conséquemment à la décision d'arrêt des cours.
Laquelle décision répond à une logique d'"exclusion et non pas encore de confinement", explique-t-il.
Si l'enjeu de cette mesure est justifié par l'empêchement des regroupements, le spécialiste est d'avis que celle-ci peut s'avérer "sine-die, dans le sens où l'on ne sait pas combien de temps elle sera mise en œuvre", argumente-t-il, avant de mettre en garde contre les "risques encourus par la proximité avec les porteurs sains, qui ne savent pas eux-mêmes qu'ils sont infectés par le Covid-19 et qui constituent un facteur de transmission".
"Il faut que les citoyens prennent conscience de cela, en s'informant sur l'ampleur des contaminations en Italie et en France et ne plus se dire que cela n'arrive qu'aux autres", insiste le Dr Bekkat, avant de relever qu'"à l'exception de la Chine, aucun système de santé au monde n'a pu faire face à cette pandémie".