Barrage éthiopien de la Renaissance: Réunion des Etats du Nil les 28 et 29 janvier pour définir les règles d'un accord final

Publié par DK NEWS le 26-01-2020, 16h27 | 8

L'Ethiopie, l'Egypte et le Soudan ont entamé début novembre des  négociations sur l'immense barrage éthiopien de «la Renaissance», sous la  houlette des Etats-Unis et la banque mondiale. La dernière réunion a eu  lieu mi-janvier entre les ministres des Affaires étrangères et des Eaux des  trois pays à Washington avec le Secrétaire américain au Trésor et le  président de la Banque mondiale, en tant qu'observateurs du processus,  durant laquelle ils ont salué des «progrès réalisés». Néanmoins, ils avaient annoncé une autre rencontre à la fin du mois  courant (28 et 29 janvier) pour surmonter les «obstacles restants et  parvenir à un accord global» sur le remplissage et la gestion du barrage et  finaliser plusieurs points «techniques et juridiques». Le Nil bleu, qui prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil blanc à  Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l'Egypte avant de se  jeter dans la Méditerranée, constitue le centre d'une querelle entre ces  pays depuis près de 10 ans. L'un souhaite développer et accroitre la  production d'électricité de son pays, l'autre, situé en aval, s'inquiète  des conséquences sur le débit du fleuve. 
Après neuf ans de négociations qui n'ont pas permis d'aboutir à un accord,  les tractations se sont accélérées ces derniers mois sur la question-clé du  remplissage du réservoir de la future digue, l'Egypte redoutant qu'un  remplissage trop rapide n'affecte des millions d'Egyptiens pouvant manquer  d'eau et avoir du mal à se nourrir. 
Les parties sont alors parvenues à trouver un début de compromis relevant  de la clause de «remplissage du réservoir du barrage», qui doit être  confirmé lors de l'accord définitif. Selon ce texte, le remplissage aura lieu «par étapes» de manière  «coopérative», essentiellement pendant la saison des pluies de  juillet-août, voire jusqu'en septembre si les conditions sont réunies.  
Cette phase cruciale prendra en compte «les conditions hydrologiques» et  «l'impact sur les réservoirs en aval». La première phase de ce remplissage permettra de débuter la production  d'électricité, mais des mesures seront prises pour «atténuer» les  inconvénients pour l'Egypte et le Soudan «en cas de fortes sécheresses». 
 
»Barrage de la discorde»-
Les relations entre l'Ethiopie et l'Egypte ont été très tendues depuis  qu'Addis-Abeba a commencé en 2012 à construire le «Grand barrage de la  Renaissance», aspirant à ce qu'il devienne la plus grande source  d'hydroélectricité en Afrique avec une production de 6 000 mégawatts. Il  doit permettre à l'Ethiopie de se développer sa production, dans un pays où  la moitié des 110 millions d'habitants n'y a pas accès. Ce projet de 4 milliards de dollars devrait commencer à produire de  l'électricité d'ici la fin de l'année, avant d'être complètement  opérationnel d'ici 2022. L'Ethiopie a commencé sa construction en 2011,  sans consulter l'Egypte qui estime avoir des «droits historiques» sur le  fleuve, garantis par des traités.  
Le projet inquiète principalement l'Egypte car le fleuve sécurise 90% de  son approvisionnement en eau potable et alimente son secteur agricole,  évoque même une «menace existentielle». Le Caire craint que le projet ne  permette à l'Ethiopie de contrôler le débit du plus long fleuve d'Afrique. Au coeur de la discorde, la vitesse de remplissage des bassins du barrage  qui représentent 74 milliards de mètres cubes d'eau. L'Egypte redoute qu'un  remplissage trop rapide de cet immense réservoir n'entraine une réduction  trop importante du débit du Nil et n'affecte des millions d'Egyptiens qui  en dépendent. 
A cet effet, l'Egypte avait appelé à une médiation internationale après  l'échec des négociations tripartites, invoquant les Etats-Unis à jouer «un  rôle actif» pour résoudre le différend, affirmant la nécessaire  intervention d'un pays tiers pour «sortir de l'impasse». 
La diplomatie éthiopienne a estimé que la demande de médiation  internationale du Caire était «un déni injustifié des progrès» réalisés  pendant les négociations.