Une récente visite au chantier de ces logements, non loin de ce lieu historique fortement dégradé à cause de la nature mais aussi de l'homme, a permis à l'APS de constater l'arrêt total des travaux. Dans ce cadre, le président de l’Assemblée populaire communale (P/APC) de Souk El Had, Boualem Nassi a déclaré à l'APS que «l'arrêt, depuis fin 2017, des travaux du projet de réalisation de logements au profit des occupants du camp de torture «Haouch Goutier» compromet la finalisation de l'opération de transformation de ce site en monument historique, attendue par les habitants de la wilaya depuis des années».
«Nous attendons de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), maître d'ouvrage, de relancer dans les meilleurs délais le chantier dont le taux de réalisation est d'à peine 20%», a-t-il ajouté attirant l'attention sur «les répercussions négatives» du gel du projet de réhabilitation de ce site, qui ne cesse de se dégrader notamment avec «la hausse du nombre de ses habitants qui est passé de 28 familles en 2007 à 38 actuellement».
Le P/APC de Souk El Had a fait savoir que «l'arrêt des travaux est dû, selon les explications de l'entrepreneur en charge de la réalisation de ce projet, au non-paiement des situations qui lui sont dues par l'OPGI». Par ailleurs, une source de l'OPGI, qui a requis l'anonymat, a infirmé l'arrêt définitif des travaux évoquant «une réévaluation en cours de ce projet en attendant la relance des travaux dans les meilleurs délais».
Dans ce contexte, la directrice des Moudjahidine de la wilaya de Boumerdes, Bouterfa Habiba a déclaré à l'APS que «les procédures administratives pour la transformation de ce site en monument historique ont été finalisées et nous attendons l'opération de relogement pour poursuivre sa restauration et sa réhabilitation».
Ce monument historique, dont la propriété est passée de la Commune à la Direction des Moudjahidine a fait l'objet d'une étude détaillée pour sa restauration.
Des vestiges témoins des atrocités commises par l’armée coloniale
Des vestiges de ce camp de torture, représentés par de minuscules geôles en béton initialement des caves destinées à la production et à la conservation du vin, demeurent debout à ce jour, pour témoigner des atrocités commises par l’armée coloniale française contre ceux ayant osé porter les armes contre elle pour revendiquer leur liberté, a-t-on constaté sur place.
Ce centre de torture mitoyen à la RN5 reliant l'Est et le Centre du pays fut créé en 1956, selon les témoignages de moudjahidine de la région ayant survécu à cette période douloureuse de l'histoire de l'Algérie. D’une superficie de 5000 M2, ce camp qui pouvait accueillir jusqu'à 200 détenus était alors dirigé par un certain commandant Skerfon, secondé dans son ignoble tâche par le lieutenant Montasse, en plus de nombre de Harkis et d’un groupe de parachutistes assurant la surveillance des lieux.
Ce site, spécialement sélectionné pour son isolement extrême, a abrité les pires tortures exercées sur des moudjahidine du Front de libération nationale (FLN), voire tout civil suspecté d'être contre la France coloniale, se rappellent des témoins.
Brûlures par le feu, ingurgitation d’eau savonneuse, électrocution, torture auditive, planches à clous, étaient le quotidien de tous les détenus de ce camps de concentration, dont les méthodes sont interdites à l’échelle mondiale, se souviennent encore des moudjahidine de la région. C’est dans ces geôles, des «trous» d’à peine un ou deux mètres de long et de large, que l’armée française tassait jusqu'à 4 détenus, et même 8 parfois, au moment où la cour servait d’espace de tortures à ciel ouvert. Selon les mêmes témoignages, ce centre était doté de trois portes principales, dont une située à l’arrière destinée à l’évacuation des détenus à exécuter, qui étaient accompagnés vers un Oued mitoyen, où ils étaient enterrés.