Accord sur le nucléaire: Les Européens déclenchent une procédure contre Téhéran, Moscou dénonce

Publié par DK NEWS le 15-01-2020, 16h52 | 17

Les Européens ont déclenché le mécanisme de  résolution des différends (MRD) stipulé dans l'accord sur le nucléaire de  2015 pour contraindre l'Iran à revenir au respect de ses engagements dans  l'accord de Vienne, une action dénoncée et jugée inutile par Moscou. 
Les trois pays européens, cosignataires de l'accord sur le nucléaire avec  l'Iran (France, Grande-Bretagne et Allemagne), ont déclenché mardi le  mécanisme de règlement des différends prévu dans l'accord nucléaire de 2015  «afin de contraindre Téhéran à revenir au respect de ses engagements», ont  annoncé leurs chefs de la diplomatie dans un communiqué commun. 
Le déclenchement du mécanisme de règlement des différends (MRD), pourrait  mener à terme au rétablissement de sanctions de l'ONU. Les Européens ne  veulent toutefois pas «précipiter le passage» à des sanctions mais faire  «pression» sur l'Iran pour sauver l'accord de 2015 qui encadre son  programme nucléaire. 
«Nous agissons en toute bonne foi avec l'objectif primordial de préserver  l'accord et dans l'espoir sincère de trouver une solution pour sortir de  l'impasse par le biais d'un dialogue diplomatique constructif, tout en  restant dans son cadre», ont souligné les chefs de la diplomatie des trois  pays, Jean-Yves Le Drian, Heiko Maas, et Dominic Raab. Le communiqué souligne que malgré cette décision, les pays «ne rejoignent  pas la campagne visant à exercer une pression maximale contre l'Iran» et  cherchent  «la préservation de l'accord nucléaire de Vienne qui est  aujourd'hui plus importante que jamais», a abondé le chef de la diplomatie  européenne Josep Borrell, jugeant «impossible» de le remplacer. Le 5 janvier, Téhéran a annoncé la «cinquième et dernière phase» de son  plan de réduction de ses engagements nucléaires en riposte à la sortie des  Etats-Unis de l'accord en 2018 et au rétablissement de lourdes sanctions  américaines qui étranglent l'économie iranienne. 
Cette annonce a été faite deux jours après l'assassinat du général iranien  Qassem Soleimani à Baghdad, par un tir de drone américain, évènement qui a  entrainé une nouvelle montée des tensions entre Téhéran et Washington. Cependant, les Européens ont réitéré leur attachement au texte, rejetant  l'appel du président américain Donald Trump à en sortir. La Russie et la  Chine sont aussi parties à l'accord. «Nous demeurons convaincus que cet accord historique et sa contribution en  matière de non-prolifération servent nos intérêts de sécurité communs et  renforcent l'ordre international fondé sur des règles», insistent Paris,  Londres et Berlin. 
«Nos trois pays ne rejoignent pas la campagne visant à exercer une  pression maximale contre l'Iran», ont toutefois souligné les trois  ministres, en allusion à la politique de sanctions des Etats-Unis. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s'est dit prêt à  «remplacer» l'accord de 2015 par celui réclamé par Donald Trump. Mais les  Britanniques restent «extrêmement attachés» à cet accord, assurent deux  sources diplomatiques européennes, qui relativisent les propos du Premier  ministre. Dominic Raab a d'ailleurs démenti tout revirement dans la  position britannique. 
 
Téhéran met en garde contre les conséquences, Moscou dénonce 
Réaction pour autant courroucée des Iraniens: «Si les Européens  ...cherchent à abuser de ce processus et poursuivent dans la voie de la  soumission aux Etats-Unis, ils doivent également être prêts à en accepter  les conséquences, qui leur ont déjà été notifiées», a assuré la diplomatie  iranienne dans un communiqué. Téhéran a, de ce fait, rappelé son engagement à «maintenir cet important  accord» et soutient toutes les initiatives constructives», indiquant une  fois de plus à tout le monde, en particulier aux trois Etats européens,  «qu'elle répondra avec sérieux et fermeté à toute déloyauté, mauvaise  volonté ou action non constructive». La Russie a, quant à elle, dénoncé des «actions irréfléchies» qui  pourraient conduire à «une nouvelle escalade autour de l'accord» et  empêcher la réalisation de l'accord dans le cadre des conditions  initialement prévues. 
Moscou a exprimé sa «déception extrême» et sa «grande préoccupation» par  cette décision de saisir la commission mise en place dans le cadre du  mécanisme. «Nous ne voyons aucune raison pour une telle démarche. Nous n'excluons pas  la possibilité que les actions irréfléchies de la troïka européenne puisse  conduire à une nouvelle escalade autour de l'accord et rendre impossible le  retour vers l'accord dans ses conditions initiales, ce que la troïka  cherche prétendument», a indiqué le ministère russe des Affaires  étrangères.   Il a rappelé que le mécanisme a été créé «à des fins complètement  différentes», estimant que la décision de Téhéran était une réaction aux  actions des Etats-Unis et que le programme nucléaire iranien reste toujours  sous contrôle complet et profond de l'Agence internationale de l'énergie  atomique (AIEA). La diplomatie russe a exhorté la troïka européenne «à ne pas aggraver la  situation et à abandonner les mesures qui remettent en question les  perspectives de l'accord sur le nucléaire iranien».