France: Reprise des négociations en vue sur les retraites mais la grève se poursuit

Publié par DK NEWS le 13-01-2020, 16h43 | 3

Le Premier ministre, Edouard Philippe, les a appelés à la  «responsabilité», dans des déclarations dimanche soir à la chaîne publique  France 2. 
«Nous allons aller au bout et, au fond, tout ceux qui incitent (les  grévistes) à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse  (...), je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités», a déclaré  le chef du gouvernement. En se disant «disposé à retirer» son projet, sous condition, la mesure  incitant les Français à travailler jusqu'à 64 ans, unanimement rejetée par  les syndicats, le Premier ministre Edouard Philippe est parvenu à fissurer  le front de ses détracteurs. 
Les syndicats «réformistes», opposés à cette mesure «d'âge pivot» mais  favorables au nouveau système à points (CFDT, Unsa et CFTC), ont salué  l'annonce et se sont dit prêts à plancher avec le patronat sur le  financement pérenne du système, condition posée par le gouvernement. Mais les plus durs - CGT, FO et Solidaires - ont appelé à poursuivre le  mouvement, qui paralyse largement les transports en région parisienne et à  défiler le 16 janvier pour la sixième fois depuis le début du conflit le 5  décembre. 
L'opposition n'est pas plus convaincue. Le «compromis» du gouvernement a  été qualifié de «renoncement» par le chef de file des sénateurs Les  Républicains (droite), Bruno Retailleau, pour qui «cette réforme va se  terminer en naufrage». A gauche, le patron des sénateurs socialistes  Patrick Kanner a dénoncé la «navigation à vue» du gouvernement et réclamé  le «retrait de la réforme». 
Pour le gouvernement, le travail doit reprendre. «Il n'y a plus aucune  raison que ce mouvement de grève se poursuive», a déclaré la ministre de la  Transition écologique (en charge des transports) Elisabeth Borne. «Malheureusement il faut pas raconter d'histoires aux usagers, ça va  encore être la galère lundi», a rétorqué Olivier Terriot de la CGT de la  RATP, la régie des transports parisiens. L'arrivée des feuilles de paye de janvier risque toutefois de refroidir  certains salariés. 
Les salariés du secteur privé se sont peu mobilisés pour ce conflit, mené  principalement par les salariés de la compagnie ferroviaire SNCF et de la  RATP. 
Les assemblées générales de lundi donneront une indication sur la  poursuite du mouvement. Les manifestations de jeudi prochain seront aussi un test, alors que  l'affluence décroît dans la rue: samedi, les manifestants étaient 149.000  selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 d'après la CGT, soit un tiers de  la participation du 9 janvier (452.000 à 1,7 million). La «conférence de financement» qui doit se mettre en place fin janvier  pour trouver un accord d'ici fin avril sur l'équilibre financier du système  sera déterminante. Gouvernement et patronat restent favorables à une mesure retardant l'âge  de départ à la retraite et s'opposent à toute hausse des cotisations. Le  gouvernement a également écarté une baisse des pensions, ce qui laisse une  marge de manoeuvre étroite aux négociateurs. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a évoqué d'autres pistes  de financement, notamment puiser dans «le fonds de réserve des retraites»  ou prendre en compte «la pénibilité de l'emploi pour différencier les âges  de départ». Faute d'accord entre partenaires sociaux, le gouvernement reprendra la  main, a averti Edouard Philippe. «Je ne laisserai pas passer et le gouvernement ne laissera pas passer un  projet de loi qui ne prévoirait pas les mesures de remise à l'équilibre»,  a-t-il souligné dimanche soir.