Histoire

Ecriture de l’histoire de la Wilaya IV : un projet soutenu par les moudjahidines

Publié par Dknews le 30-10-2019, 18h25 | 439
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De nombreux moudjahidine et militants soutiennent le projet d’écriture de l’histoire de la Wilaya IV historique, en cours de mise en œuvre par la Fondation Mémoire de la wilaya IV historique. Une wilaya dirigée successivement par de nombreux héros de la Révolution, dont Chahid Djilali Bounaàma et le colonel Youcef El Khatib, qui préside cette Fondation depuis sa création en 2002.

Le projet de la Fondation Mémoire de la wilaya IV historique, considéré comme une extension de l’importante tache accomplie par le Conseil historique de la wilaya homonyme, depuis l’indépendance jusqu'à sa dissolution en 1998, a bénéficié, dés ses débuts, du soutien des moudjahidines de cette régions "soucieux d’informer les jeunes générations sur l’histoire du combat et des sacrifices consentis par les chouhada, pour libérer leur pays du joug colonial", selon l’expression de la vice-présidente de cette Fondation, Naima Mahdid.

"Les moudjahidine confèrent un intérêt primordial à ce projet, devant permettre une fois achevé, de constituer une banque de données sur l’ensemble des événements et batailles qui se sont déroulés dans la wilaya IV", a indiqué, à l’APS, Mme. Mahdid.

S’exprimant sur ce projet, elle a expliqué qu’il vise la "collecte du plus grand nombre possible de témoignages (audio, photo et vidéo) des moudjahidines et militants de cette wilaya historique englobant Boumerdes, Chlef, Alger, Ain Defla, Tissemssilt, Blida, Médéa et certaines parties des wilayas de M’sila, Djelfa, Tiaret, et Bouira.

Ces témoignages, a-t-elle ajouté, "contiennent des informations détaillées sur le parcours de chaque moudjahid, au moment où d’autres (témoignages) concernent des faits en relation avec la Révolution, dont les unités militaires dans la wilaya IV, le rôle de la femme dans la résistance, les crimes de la France coloniale, les prisons et camps de concentration, et les dirigeants et officiers de cette wilaya historique, entre autres", a précisé la même responsable.

           

Recueil de plus de 3000 enregistrements en moins de 20 ans

"Après prés d’une vingtaine d’années de collecte de témoignages auprès des moudjahidine et militants de la wilaya historique VI, voire même toute personne homme, femme, et enfant (de 10 ans parfois) des campagnes, ayant survécu à cette période phare de l’histoire de l’Algérie, nous avons réussi à recueillir prés de 3000 vidéos (de témoignages audio et vidéo)", a informé Mme. Mahdid.

Elle a fait part, en outre, au titre des actions visant le soutien de ce travail du lancement, en 2007, par sa fondation "d’une caravane de l’Histoire, qui durant quatre années, a sillonné les villages et campagnes de cette wilaya historique pour recueillir les témoignages de leurs habitants".

La responsable s’est particulièrement félicitée de l’écho favorable suscité par cette caravane auprès des populations locales, qui "constituaient dés les premières heures de la journée, de longues files d’attente pour apporter leurs témoignages vivants", a-t-elle assuré.

"Ces gens humbles des campagnes ont su préserver la mémoire de leurs chouhada loin de tout protocole bruyant", a-t-elle constaté, citant à titre d’exemple "une tradition perpétuée dans la commune de Djelida (Ain Defla) où les habitants commémorent la mort au champ d’honneur d’un chahid de la région, Mohamed Rais, en consacrant à sa mémoire une partie de leurs récoltes agricoles, en guise de Sadaka (aumône)".

Encore plus, tous les moudjahidine et militants qui ont témoigné n’ont pas hésité à "nous remettre différents documents et papiers relatifs à la Révolution, qui étaient en leurs possession, voire même des photos, qui nous ont permis d’identifier plusieurs moudjahidines, dont nous ignorions les traits, en dépit de leurs parcours révolutionnaires honorables", a assuré Mme. Mahdid.

Elle a signalé le "parachèvement dernièrement de la numérisation des témoignages écrits collectés, dans l’attente du lancement prochain de l’opération de numérisation des 3000 vidéo recueillies", a-t-elle fait savoir, estimant que cette opération "devrait durer des années à cause du manque de moyens", a-t-elle deploré.

"Les témoignages de moudjahidine, notamment ceux liés a des événements historiques, sont toujours comparés à des milliers d’autres témoignages similaires, en vue de confirmer leur véracité, et partant garantir une écriture crédible et fidèle de l’histoire de la wilaya VI" a-t-elle, encore, soutenu.

Elle a fait part, à cet effet, de la numérisation en cours des rapports et dossiers relatifs à la Révolution collectés par le Conseil historique de la wilaya IV, ces dernières années. Un "véritable trésor" d’informations, a-t-elle indiqué, que nous "œuvrons à préserver" car il s’agit, de l’"archivage de l’histoire de la Révolution la plus célèbre du monde", a-t-elle estimé.

A cela s’ajoutent la numérisation des rapports de centaines de rencontres organisées, durant les années 60, 70 et 80, lesquels contiennent des témoignages de moudjahidines du groupe de Novembre, dont une majorité sont aujourd’hui décédés.

           

"Ami Lakhdar" et sa sœur Naima deux exemples types du soutien de l’écriture de l’histoire de la révolution

Le moudjahid Alili Lakhdar (88 ans) dit "Ami Lakhdar", et sa sœur, également compagnonne d’armes, Alili Naima (86ans), font partie de ces moudjahidine de la première heure, qui ont soutenu le projet d’écriture de l’histoire de la wilaya IV, dés ses débuts. Outre leurs témoignages vivants, ils n’ont pas hésité à remettre à la Fondation, tous les documents et photos en leur possession.

"Participer à ce projet est une responsabilité historique pour moi", a affirmé le moudjahid Alili Lakhdar, dans un entretien avec l’APS, qu’il a accueilli dans son domicile à Boufarik.

Il a, de ce fait, appelé tout moudjahid encore vivant n’ayant pas encore adhéré à ce projet, en vue de le faire "pour apporter son témoignage".

Ami Lakhdar fait partie des rares moudjahidines encore vivants de la wilaya de Blida, qui ont pris part aux attaques déclenchées dans la nuit du 1 novembre 1954.

C’est avec une fierté non dissimulée qu’il a raconté les détails de cette nuit mémorable, pour lui, durant laquelle il a participé avec des héros réputés de la Révolution dans la wilaya, à l’instar de Si Baghdadi, Souidani Boudjemaà et Boualem Louizri, à l’attaque d’une exploitation agricole. Il avait 24 ans, et ce fut pour lui le début d’un long parcours sur la route de la liberté.

Sa sœur Naima, n’est pas demeurée en reste de cette lutte libératrice, puisqu’elle fut, selon ses déclarations, membre du "groupe de la Casbah" d’Alger, a-t-elle dit. "J’étais chargée du transport et transmission des médicaments, documents et messages entre les wilayas", a-t-elle indiqué.

Ainsi, le manque de moyens matériels et humains, qui constitue une entrave énorme pour le parachèvement de ce projet d’écriture de l’histoire de la wilaya IV, est quelque peu pallié par la bonne volonté de ces moudjahidines qui ont fait la Révolution de novembre, et poursuivent aujourd’hui leur combat en la racontant avec leurs propres mots, pour que nul n’oubli ceux qui sont morts pour la liberté de ce pays.

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