Interview

Environnement - 8 questions à Nidam Abdi : L’Algérie a les moyens et les potentialités humaines pour innover et créer des villes intelligentes

Publié par CEM le 15-10-2014, 19h20 | 443
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DKNews : Journaliste de la presse quotidienne française, mais aussi spécialiste  de la musique, vous êtes le fondateur du site www.ecoinnovatio.com. Quelle est la vocation de ce site ?

 

Nidam ABDI : Après avoir dirigé des publications de la filière française des équipementiers électriques, j’ai décidé fin 2011, de créer sur Internet, un média en ligne consacré aux mutations actuelles du secteur de l'électricité.

EcoInnovatio est une veille sur le web, une publication numérique hebdomadaire destinée à informer les professionnels concernés par la convergence actuelle du monde énergétique et celui du digital,  c’est-à-dire de proposer les sources des articles, contributions et entretiens de fonds publiés dans le monde et sur des sites de référence.

Cela peut être l’analyse du président de Schneider Electric en Inde, au sujet de l’importance des réseaux intelligents pour son pays, de la réflexion du prospectiviste américain Jeremy Rifkin au sujet de la politique autrichienne énergétique, comme de l’interview d’un artisan électricien de Dijon en France qui vient de se lancer dans la domotique.

En quinze titres et de manière subjective, EcoInnovatio donne chaque semaine, une vision globale de ce qui est en train de muter dans les industries de l’électricité.

Sans oublier qu’une rubrique mémoire offre à chaque fois, un document historique, à propos de l’électricité, numérisé par la Bibliothèque nationale de France.

Combien d'articles ont été publiés sur le site EcoInnovatio ?

Si on compte uniquement les éditos qui sont aussi édités chaque semaine sur "Le Cercle les Échos", rubrique du site web du journal économique français, nous en sommes à plus de 120 articles.

Les idées traitées dans ces éditos découlent de l’observation faite sur tel ou tel sujet durant la veille à l’aide de moteurs de recherche. Ainsi, j’étais le premier à soulever la question de l’ubiquité numérique qui concerne les  géants du web qui se positionnent actuellement sur les industries de l’électricité. Dans le même esprit nous avons, l'été dernier, posé la problématique de Google qui a lancé un prix mondial pour la création d’un onduleur solaire compact.

Enfin, l’édito de cette semaine met en avant la candidate de dernière minute, au poste de commissaire européen de l’énergie, la Slovène Violeta Bulc, contestée à Bruxelles pour son manque d’expérience politique, mais défendue par EcoInnovatio pour son expérience dans le conseil pour l’innovation entrepreneuriale.

Quel est votre lectorat ?

Cela va du directeur de l’innovation et du responsable R&D de deux des plus grands énergéticiens du monde à des étudiants à Centrale/Supélec, et du responsable confédéral de l’énergie suisse au président de l’organisme indien des smart grids.

Ils sont pour le moment 2 000 professionnels à recevoir chaque semaine la newsletter et par extension ce sont 10 000 lecteurs qui viennent sur le site web. Nous sommes en train de préparer une formule en version anglaise pour satisfaire des lecteurs anglophones.

Comment sélectionnez-vous les articles que vous publiez sur ecoinnovatio.com ?

Continuellement nous recevons sur une boîte e-mail des liens venant de moteurs de recherche comme Google et Bing, sur lesquels nous sommes inscrits avec des mots clés propre au secteur de l’énergie. Puis nous sélectionnons de manière subjective et propre à notre culture journalistique. Pour répondre à cette question, il n’y a pas mieux que des exemples.

Cette semaine nous avons proposé, entre autres, un article sur le site web de la Maison-Blanche qui résume des interventions le 9 octobre d’Obama en Californie, à propos des nouvelles technologies et la transition énergétique aux USA, ainsi qu'un reportage sur la transformation de Malmö, en Suède, en ville intelligente, et un même sujet sur Bordeaux publié dans Le Soir de Belgique.

Au départ, EcoInnovatio, votre site était très orienté énergie - électricité principalement. Comment et pourquoi avez-vous fait évoluer cette perspective ?

Nous vivons un moment historique de la troisième révolution industrielle, où tous les jours apparaissent des innovations de rupture sur le marché de l’équipement électrique.

Lorsque vous découvrez le compteur intelligent de Smart Impulse qui tient dans une main, capable de détecter dans un bâtiment de 10 000 m2 la consommation électrique de chaque appareil ou si vous recevez par e-mail les travaux de l’Algérien Amine Sehili qui a, sur les questions de reconnaissance vocale des personnes âgés.

Collaboré au projet Roméo, le robot de compagnie développé par des institutions scientifiques comme le CNRS, il y a de quoi être impressionné par l’époque et faire évoluer votre publication.

On parle beaucoup de Smart grids (les réseaux intelligents), de smart building, pourquoi mettre l'accent sur les smart cities ?

À la différence de l’offre traditionnelle de l’électricité qui se fait dans un seul sens, du producteur (type EDF ou Sonelgaz) au consommateur, l’intelligence dans l’énergie introduit l’élément de la connectivité qui bouleverse ce rapport et élargit la relation à d’autres services que celui de l’électricité, à l’exemple de l’eau et de la sécurité.

Du smart meter aux smart cities en tous les cas, ces points de jonction vont être générateurs de big data, des grandes masses de données qui vont devenir la valeur du système.

Comment s'est construite votre vision de ce marché, à travers votre veille technologique et internationale concernant les technologies qui bouleversent et vont bouleverser le fonctionne
ment des villes ?

Un des facteurs clés d’une transition énergétique disruptive, c’est qu’il n’est pas certain que ce soiet les acteurs traditionnels du marché qui vont maintenir leur leadership. Il risque d’arriver sur les marchés d’infrastructures des villes intelligentes ce qui est arrivé aux opérateurs télécom et l’Internet.

A la fin des années 90 et surtout 2000, nous avons vu arriver des start-up du web comme Yahoo, Amazon, Google et Facebook qui sont devenues des entreprises d’une puissance mondiale inégalée.

Le concept de smart cities est-il adapté à un pays comme l'Algérie ?

Même si le premier colloque consacré à la ville intelligente a eu lieu à l’université d’Ifrane au Maroc au printemps dernier, l’Algérie, par la qualité de ses universités, la taille de son territoire et la diversité de ses villes peut prétendre jouer un rôle dans ce domaine.

L’Algérie a les moyens et les potentialités humaines pour innover et créer des villes intelligentes. Mais pour cela il ne faut pas tomber dans le travers du centralisme hérité de l’ex-colonisateur, mais regarder du côté espagnol et italien et jouer à fond les cultures vernaculaires et les particularismes environnementaux, d’une région à une autre, car Annaba n’est pas Biskra, Jijel n’est pas Tizi Ouzou, Béjaïa n’est pas Constantine, Alger n’est pas Khemis Miliana et Oran n’est pas Tlemcen.

Propos recueillis par CEM
 

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