Société

Vendeurs sur les routes: quand l’innocence est confrontée aux conditions sociales difficiles

Publié par Dk News le 13-06-2018, 17h40 | 12
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De nombreux enfants se présentent comme vendeurs ambulants de produits en tous genres, alimentaires surtout, au niveau des places publiques, bords de routes et autoroutes de la wilaya de Blida, alors que certains sont des receveurs dans des véhicules de transport public, au moment où les statistiques officielles de la wilaya affirment l’absence de l’emploi d’enfants, tant au niveau d’entreprises économiques que d’autres secteurs d’activités.

A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le travail des enfants (12 juin), une tournée de l’APS à travers les artères principales et de routes, a permis de faire le constat de la présence de dizaines d’enfants, notamment sur le tronçon de l’autoroute

Est-Ouest traversant la wilaya, proposant à la vente divers produit alimentaires (entre pain, gâteaux, fruits et légumes), et exposant parfois ces enfants à des phénomènes de société, comme le kidnapping, les agressions, la violence verbale et physique, quand ce ne sont pas les accidents de la route.

Ce travail informel des enfants est fortement décrié par des passants, qui estiment que leur place devrait être, à ces moments de la journée, dans les écoles, les centres de formation et les espaces de détente et de loisirs.

Pour le directeur local de l’Action sociale, Lhadj Bouchoucha, les parents sont les premiers mis en cause dans l’exposition des enfants à ces risques, au motif de la pauvreté et de l’absence de revenus, en dépit des alternatives offertes par l’Etat, a-t-il assuré, citant notamment le projet de la famille productrice initié par la Chambre d’artisanat et des métiers, outre les différents dispositifs d’emploi et d’aide au lancement de micro-projets, entre autres.

Le même responsable a souligné l’existence, à cet effet, de lois rigoureuses, à l’instar de la loi du travail N9011 datée du 21 avril 1990, qui sanctionne l’exploitation des enfants pour réaliser un gain matériel, estimant, en outre, que la lutte contre ce phénomène doit se faire à travers la fédération des efforts entre la société civile et les autorités publiques.

Cet objectif (lutte contre le travail des enfants) est soutenu par la mise à disposition des citoyens de deux numéros verts, le 1527, relevant de la direction de l’action sociale et englobant toutes les préoccupations liées à l’enfance, la femme , les handicapés et les familles nécessiteuses, et le 1111, relevant des services de la surette nationale et de l’instance nationale déléguée à la protection de l’enfance, créée dans le cadre de la Loi 1511 relative aux droits de l’enfant.

Lhadj Bouchoucha, qui considère le travail des enfants comme une privation de leur droits à la scolarité et à profiter de leur enfance, a appelé les associations, la société civile, au même titre que le citoyen, à s’organiser et à veiller, de concert avec les autorités locales, en vue de les protéger de ces pratiques illégales, comme il est de rigueur dans les pays développés, où des éducateurs sont désignés au niveau des quartiers.

Au titre des efforts consentis dans la lutte contre ce phénomène à Blida, il a assuré que les sections de l’Action sociale suivent de près la situation au niveau de l’ensemble des communes dans la wilaya, et que toute dénonciation ou signalement d’un cas de travail d’enfant est suivi par une visite chez sa famille, en vue de voir la possibilité de la soutenir financièrement s’il s’avère qu’elle est dans le besoin.

Des mesures répressives sont prises, par un juge de mineurs, dans certains cas, si la famille de l’enfant concerné refuse qu’il arrête de travailler notamment, a-t-il fait savoir.

Néanmoins, le directeur de l’Action sociale n’a pas démenti l’existence du phénomène au niveau des autoroutes, des marchés, et des artères principales, tout en imputant la cause aux parents.

Interrogé sur l’exploitation des enfants dans la mendicité, le même responsable a déclaré qu’il s’agit en général d’enfants de nationalités africaines, présents en petit nombre dans les rues, en dépit d’une vingtaine d’opérations de rapatriement dont ils ont fait l’objet, au titre de conventions bilatérales signées avec leurs pays respectifs.

D’autres enfants (utilisés dans la mendicité) sont des petits syriens, à propos desquels la "direction de l’action sociale n’a aucune prérogative pour intervenir", a-t-il assuré.

S’agissant des enfants algériens s’adonnant à cette activité, M. Bouchoucha, qui a fait part d’efforts consentis par l’Etat dans le domaine, dont les "fruits ne sont pas encore palpables", a signalé des instructions récentes de la part des autorités locales, en vue de "lutter contre ce phénomène à la racine", notamment au niveau des mosquées, ou la mendicité des femmes et des enfants a pris d’importantes proportions.

Une cellule a été installée et toute personne se consacrant à cette activité sera traduite en justice, a-t-il encore informé, non sans souligner les efforts consentis par les autorités publiques en direction de cette catégorie sociale, tant à l’échelle de la cellule familiale, qu’à travers les foyers pour enfance et les centres de protection des mineurs, dont l’encadrement est assuré par des sociologues et autres psychologues.

 

Absence "officielle" du travail des enfants

 

Les statistiques officielles de la wilaya de Blida affirment l’absence de l’emploi d’enfants, tant au niveau d’entreprises économiques que d’autres secteurs d’activités. Ce constat est confirmé par la chargée du service d’évaluation et de synthèse auprès de l’Inspection locale du travail, Bouhenache Soria, qui assure que "depuis 2015, aucun PV d’infraction à la législation en vigueur n’a été délivré par ses services, au titre des inspections de routine effectuées par les agents de l’Inspection au sein de différentes entreprises.

Il a ajouté que la dernière enquête, réalisée dans le domaine, couvre la période allant du 18 mars au 8 avril de l’année en cours. L’enquête en question a englobé 97 visites d’inspection ayant ciblé 349 employeurs privés dans différents domaines (agriculture, transport, bâtiment, services), "le secteur public étant non concerné, car appliquant la loi à la lettre" a-t-elle dit, suite à quoi il a été constaté "zéro infraction à la loi en vigueur", selon la responsable.

Pour Melle Bouhenache, ce "bilan positif" est le résultat d’une prise de conscience acquise par les patrons et les employeurs, suite aux actions de sensibilisation initiées par divers organismes dans le domaine.

Il n’en demeure pas moins que l’enfant est l’unique victime à déplorer entre la négligence de certains parents dans le seul souci est le gain matériel, et l’ignorance d’une société, dont chaque membre se croit non concerné, tant qu’il ne s’agit pas de son propre enfant.

 

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