Conférence hier au forum de DKNEWS sur L’Emir Abdelkader et les Ouled Nail : Un des pans de l’histoire revisité

Publié par Par Amar CHEKAR le 02-05-2018, 19h08 | 554

Les invités de la fondation Emir-Abdelkader, ont déploré la culture de l’oubli et de négligence, chacun le voit à sa façon, déplorent l’effacement de nombreuses périodes de l’histoire de l’Algérie depuis l’avènement de la présence turque.    

La fondation Emir-Abdelkader en collaboration avec la fondation Ouled Nail, dans la wilaya de Djelfa, ont organisé hier, une rencontre conviviale autour d’une importante question à savoir « L’Emir Abdelkader et les Ouled Nail, pan de l’histoire peu connu » au Forum de DK News à Alger. 

Un panel d’écrivains passionnés de l’histoire, à commencer par M Mohamed  Boutaleb, fondateur de la fondation Emir Abdelkader, qui malgré l’âge avancé, continue d’enrichir la scène à travers la lucidité de sa vision historique,  Dr Abderrahmane Chouiha, SG de la fondation Ouled Naïl, Karim Younes, ex-ministre et ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN) auteur de 8 livres, également Kamel Bouchama, ex-ambassadeur, ex-ministre de la Jeunesse est des Sports et aussi auteur de nombreux livres liés à son parcours d’écrivain et diplomate, sont revenus longuement sur l’allégeance des Ouled Naïl au combat libérateur de l’Emir Abdelkader qui a résisté durant 18 ans contre le colonialisme français.

Les invités de la fondation Emir Abdelkader ont déplorés la culture de l’oubli ou de négligence, chacun le voit à sa façon, l’effacement de nombreuses périodes de l’histoire de l’Algérie depuis l’avènement de la présence turque en Algérie.   

La fin justifie les moyens

Mohamed Boutaleb qui a été invité à prendre la parole, et ce, juste après l’observation d’une minute de silence à la mémoire de tous les acteurs de la cause algérienne, mais aussi, afin de secouer les esprits dormants, lance d’emblée : « Il faut continuer à se battre pour lutter contre l’oubli de l’histoire. Le colonialisme des esprits est toujours présent. L’Emir Abdelkader a lutté pour l’unité des Algériens» a-t-il affirmé. 

 Chouiha Abderrahmane, SG de la fondation des Ouled Naïl, passionné de l’histoire a parlé de 1500 cavaliers engagés pour le combat libérateur de l’Emir Abdelkader. Des massacres sans cesse ont étés enregistrés contre la population des Ouled Naïl au point de qualifier le village de « village de peur et de poudre » en références aux exactions coloniales françaises qui se trouvait  plus fortes et plus armées en face des soldats qui n’ont que des fusils traditionnels pour se défendre et défendre leur patrie.  

Des tribus entières ont étés exécutées pour avoir soutenu le combat libérateur de l’Emir Abdelkader qui avait une vision politique et militaire reconnue par les colons français.  L’Emir Abdelkader n’était pas un guerrier seulement, mais aussi un humaniste ouvert  sur les différences religieuses et culturelles au point de sauver  la vie de milliers de chrétiens.  

Le village Ouled Naïl a été cité comme une forteresse militaire pour le renouvellement des troupes de l’Emir Abdelkader engagé contre le colonialisme français.  

Toute en avançant que d’autres tribus de Djelfa n’ont pas suivi totalement le combat de l’Emir Abdelkader, M. Chouiha a expliqué que la résistance des Ouled Naïl sous l’autorité de l’Emir Abdelkader, a été très forte de par leur allégeance, avant de revenir sur le refus d’autres  pour des raisons de différences de vision sur  la religion, l’islam.  

L’histoire à deux vitesses 

Citant entre autres personnages phares des Ouled Naïl qui ont soutenu la cause du fondateur de l’Etat moderne algérien,  dont Si Cherif Belahrach,  Cheikh Derkaoui, Bouaâza qui se sont engagés et sacrifiés dans différentes batailles telle que  notamment la bataille de  Zaâtcha, les conférenciers ont fait un ricochet assez marquant en évoquant le rôle de la Tarika Errahmania de Cheikh Belhadad et El Mokrani dans la Kabylie. 

Karim Younes et Kamel Bouchama, deux hommes de lettres et anciens commis de l’Etat qui continuent de lutter pour l’intérêt du pays à travers leurs ouvrages et sorties médiatique de temps à autre, n’ont pas manqué  de revenir sur l’histoire des Ouled Naïl qui ont payé  lourdement le prix de l’indépendance nationale. Les Ouled Naïl  ont été à l’origine du règlement d’un grand problème qui a secoué Ghardaïa dans le temps, a-t-on souligné.    

Soulignant haut et fort l’importance de l’engagement des Ouled Naïl dans le combat libérateur contre les colons français, Mme Zohour Boutaleb, SG et porte-parole de la fondation Emir Abdelkader qui a visité la tribu des Ouled Naïl de Djelfa à plusieurs reprises, n’a pas manqué d’interroger les mémoires qui portent sur l’histoire de ses aïeux et déplore : «L’histoire de l’Emir Abdelkader a été étouffée. C’est la raison pour laquelle, nous persistonss à suivre les traces de l’Emir Abdelkader où qu’elles soient, afin de rétablir la vérité sur l’histoire de l’Algérie ». 

Un autre personnage phare de l’histoire de l’Algérie, à savoir Abdelkrim El  Khatabi à qui on a accordé le nom d’une petite ruelle à Alger-Centre, alors que son nom et prénom en lettres d’or figure parmi tant d’autres valeurs historiques algériennes qui sont oubliées, ignorées ou masquées jusqu’à présent. L’engagement intellectuel  des historiens et de tous les passionnés de l’histoire du pays est un devoir de conscience. 
A. C.


A découvrir dans le prochain ouvrage de Karim Younes : L’Emir Abdelkader et la diplomatie algérienne 

La conférence autour de l’Emir Abdelkader et les Ouled Naïl a été rehaussée par la présence de plusieurs personnalités dont l’ancien ministre de la Formation professionnelle M. Karim Younes. Auteur de sept ouvrages, l’ancien ministre, se consacre aujourd’hui, à l’écriture de son huitième livre dans lequel il met la lumière sur les actions diplomatiques de l’Emir Abdelkader au Maghreb, au Moyen-Orient, en Egypte, en Turquie et même en Tchétchénie.

Ce huitième ouvrage revient également sur la vision qu’avait l’Emir d’une Algérie moderne dont le modèle était inspiré de l’Egypte de l’époque.  Le livre met également en évidence les massacres perpétrés par l’armée coloniale française ainsi que sur la résistance nationale.    

Rachid. Rachedi.


Selon M. Abderrahmane Chouiha : Près de 6 millions d’Algériens tués entre 1830 et 1850

Près de 6 millions d’algériens auraient été tués par l’armée française entre 1830 et 1950, a indiqué hier le secrétaire général de la fondation Ouled Naïl, M. Abderrahmane Chouiha. «En 1830, la population algérienne était estimée, d’après les statistiques de l’époque, à 8 millions d’habitants. En à peine 20 ans, l’armée française a commis un véritable génocide en massacrant près de 6 millions d’innocents. Il y’avait une volonté d’exterminer la population de ce pays», a souligné M. Chouiha. 

R. R.


L’Emir Abdelkader et le choix de ses hommes

Selon Mme Boutaleb, l’Emir Abdelkader faisait preuve d’un grand discernement dans le choix de ses hommes. Parmi les critères qui motivaient ses choix : le niveau intellectuel, la plupart de ses combattants, notamment ses subordonnés les plus proches étaient des disciples de zaouias ayant suivi des enseignements coraniques.

Etre issu de bonne famille, avoir du courage, savoir monter à cheval (la plupart d’entre eux étaient d’excellents cavaliers), et avoir foi en Allah faisaient également partie de ses critères de choix, a souligné la secrétaire générale de la Fondation Emir Abdelkader Mme Zohour Boutaleb.

R. R.


La maison de l’Emir à Messaâd : Un patrimoine historique laissé à l'abandon

Au cours de son intervention, Mme Zohour Boutaleb, a déploré l’état lamentable dans lequel se trouve la maison de l’Emir Abdelkader dans la ville de Messaâd (wilaya de Djelfa). Ce monument historique qui témoigne du passage de l’Emir par cette région et de l’allégeance des tribus locales, se trouve dans un piteux état.

A cette occasion, la SG de la Fondation Emir Abdelkader, a lancé un appel en direction des responsables locaux, pour préserver et restaurer cet édifice qui fut un jour un abri pour le fondateur de l’Etat algérien moderne.                                                                     
R. R.