Tunisie : Le secteur minier en difficulté, arrêt de la production des phosphates

Publié par DKNews le 14-02-2018, 15h58 | 25

Le secteur minier en Tunisie est en difficulté en raison de mouvements de protestation survenus dans les villes du bassin minier depuis le 20 janvier 2018, provoquant un arrêt de l’activité de la compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), selon des sources syndicales citées par l'agence de presse TAP.

Le secrétaire général adjoint de la section des mines au sein de l'Union régionale du travail à Gafsa, Ibrahim Shimi avait appelé, mardi, les partis politiques à apaiser les tensions, exprimant, en marge de sa participation à la réunion du conseil des syndicats des travailleurs des mines, "sa crainte d'une exploitation", de ces mouvements par certains partis politiques, lors des prochaines élections municipales prévues le 6 mai 2018.

Le responsable syndical a, selon la TAP, tenu le gouvernement pour responsable de la dégradation de la situation sociale dans la région du bassin minier, évoquant à ce propos, les pertes financières causées par l’arrêt de l’activité de la compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).

Pour sa part, l'Union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) a appelé le gouvernement à "appliquer la loi pour protéger l'économie nationale de l'effondrement", surtout après l'arrêt de l'activité de la CPG, l'une des plus importantes sociétés contribuant aux réserves du pays en devises ainsi qu'à ouvrir le dossier des sociétés publiques, pour "arrêter l'hémorragie découlant de leurs pertes".

Dans un communiqué publié lundi, l'UTICA a exprimé "sa grande préoccupation face à la situation de la CPG, dont les activités sont complètement interrompues, ce qui aggrave les difficultés que connaissent les finances publiques et la dégradation des réserves du pays en devises qui ont atteint leurs plus bas niveaux".

De son côté, Hechmi Omrane, membre de la Fédération des mines relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) déplore que la région du bassin minier "souffre d’un délabrement de l'infrastructure de base et d'un manque des services, des projets de développement, et d’opportunités d’emploi", soulignant l'impératif de sauvegarder la CPG en tant qu'"acquis et catalyseur du développement".

Lundi, les agents et cadres de la CPG ont observé un rassemblement de protestation devant le siège social de la compagnie, pour inciter les autorités de tutelle à trouver une solution urgente à la paralysie de l’activité dans les différents sites de production de phosphate.

Ce sit-in est intervenu dans le cadre d’une campagne lancée, depuis une semaine, sur les réseaux sociaux, visant à sensibiliser les autorités de tutelle au blocage de la situation dans les délégations du bassin minier, à Mdhilla, Redeyef, Om Larayes et Metlaoui et ses conséquences sur les équilibres financiers de la compagnie et sur le ralentissement de l’activité des entreprises partenaires, depuis une vingtaine de jours, dont notamment le Groupe chimique tunisien et la société tunisienne de transport de produits miniers.

L’accès aux sites miniers dans la région de Gafsa est bloqué, depuis le 20 janvier 2018, par des sans emplois qui contestent les résultats de la quatrième partie du concours de recrutement par la CPG pour un total de 1700 agents d’exécution, bloquant des routes et organisant des sit-in dans des villes du bassin minier, situé dans le centre du pays. Des échauffourées ont aussi eu lieu avec la police, selon les médias.

Afin de parer à cette situation, le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Bouali M’Barki a appelé, mardi, le gouvernement à proposer des solutions alternatives pour faire face au chômage dans le gouvernorat de Gafsa, insistant sur l'impératif de ne pas se contenter des opportunités d’embauche offertes par la compagnie des phosphates de Gafsa.

S’exprimant lors de la tenue du conseil sectoriel des syndicats des travailleurs des mines, il a souligné que le gouvernement doit notamment renforcer l’investissement dans la région et fournir des mécanismes de financement des projets générant des opportunités de travail au profit des demandeurs d’emploi.

La compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a-t-il encore dit, ne peut plus favoriser de nouveaux postes d'emploi et dépasser sa capacité de recrutement, rappelant que la CPG assure, actuellement 33 mille postes d’emploi. Paralysée depuis fin janvier, la production de phosphate "n'a toujours pas repris.

Toutes les unités de production sont à l'arrêt", a déclaré Mourad Sellimi, le chargé de communication de la Compagnie des phosphates CPG. En janvier, seules 160.000 tonnes de phosphate ont été produites, contre 600.000 en janvier 2017, a-t-il précisé.