Zimbabwe: Mugabe en passe d'être destitué, mobilisation pour le règlement d'une crise politique

Publié par DKNews le 21-11-2017, 16h59 | 32

Sous pression d'appels de l'armée et de la rue pour démissionner, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, doit présider mardi une réunion de son cabinet au moment où son parti est en passe de présenter une motion au Parlement pour sa destitution, alors que les efforts s'intensifient pour un règlement de la crise politique Placé depuis une semaine sous résidence surveillée par l'armée, le président Mugabe va présider mardi une réunion du cabinet à laquelle sont invités tous les membres du gouvernement à assister, alors que son parti ZANU-PF (Union Nationale Africaine du Zimbabwe) s'apprête à présenter une motion de destitution au Parlement. 

Aux termes de l'article 97 de la Constitution zimbabwéenne, la Zanu-PF avait retiré dimanche au président Mugabe toutes fonctions dans le parti et avait menacé de le destituer s'il ne démissionnait pas avant lundi midi, et cela a été le cas, puisque le chef de l'Etat n'a pas annoncé sa démission à la date-butoir. 

Lors de son allocution télévisée dimanche soir, contre toute attente, Robert Mugabe n'a pas annoncé ni même évoqué son retrait. 

Dans le même discours à la nation, Robert Mugabe a indiqué qu'il présiderait le mois prochain le congrès de son parti, la Zanu-PF. 

Selon la Constitution zimbabwéenne, l'Assemblée nationale et le Sénat peuvent engager à la majorité simple une procédure de révocation du président pour «faute grave», «manquement à la Constitution», «violation délibérée de la Constitution» ou «incapacité». 

Une commission d'enquête conjointe est alors formée pour formuler une résolution de destitution, qui doit ensuite être approuvée à la majorité des deux tiers. 

Mugabe poussé vers la sortie 

Au terme d'une semaine de blocus militaire, les anciens combattants du Zimbabwe ont appelé la population à manifester pour faire tomber «immédiatement» le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis trente-sept ans. 

«Toute la population doit abandonner ce qu'elle est en train de faire (...) et se diriger vers le +Toit Bleu+», la résidence privée du chef de l'Etat pour que ce dernier «quitte le pouvoir immédiatement», a déclaré le chef des anciens combattants, Chris Mutsvangwa, cité par des médias locaux. 
Samedi déjà, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté à Harare et dans la deuxième ville du pays, Bulawayo (sud-ouest), pour exiger le départ du chef d'Etat. 

De son coté, l'ancien vice-président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa, limogé il y a deux semaines, a appelé mardi le président Robert Mugabe à démissionner. 

«J'invite le président Mugabe à tenir compte des appels lancés par le peuple à sa démission de façon à ce que le pays puisse avancer et préserver l'héritage» du chef de l'Etat, a déclaré M. Mnangagwa dans une déclaration remise à la presse. 

M. Mnangagwa a été écarté le 6 novembre, sur insistance de la Première dame Grace Mugabe qui lui disputait la succession du président. Son éviction a provoqué l'intervention de l'armée, qui contrôle le pays depuis la nuit du 14 au 15 novembre. 

L'armée, hostile à l'ascension de Grace Mugabe, avait alors décidé d'intervenir, en démentant tout «coup d'Etat». 

Elle a rebaptisé lundi son intervention «Operation Restore Legacy» (Opération restaurer l'héritage), en référence aux années de lutte pour l'indépendance du pays.  Depuis, elle mène des discussions avec le président Mugabe, à 93 ans. 

Dans le cadre de ces entretiens, «plusieurs garanties ont été données» et le président Mugabe «a accepté une feuille de route» pour une sortie de crise, a assuré le général Chiwenga sans donner plus de précisions. 

Mobilisation pour le règlement de la crise au Zimbabwe 

La crise politique au Zimbabwe a poussé» plusieurs dirigeants de pays membres de l'organisation de la SADC (Communauté de développement économique de l'Afrique australe), dont le président sud-africain Jacob Zuma et son homologue angolais Joao Lourenço, à convoquer une réunion à Luanda (Angola)pour en débattre. 

L'Union africaine (UA) a aussi mis en garde l'armée contre toute velléité d'évincer Robert Mugabe sans autre forme de procès et appelé au respect de la Constitution. 

En effet, trois scénarios sont désormais possibles de la sortie de Mugabe, le premier: la destitution, si cette option est votée le président est remplacé par le vice-président jusqu'à la tenue de nouvelles élections, mais un problème se pose, le candidat favori des militaires, Emmerson Mnangagwa, a été limogé de son poste de vice-président il y a deux semaines. 

Depuis l'étranger, Emmerson Mnangagwa, a affirmé que le président l'a invité à rentrer au pays pour «une discussion sur les événements politiques en cours dans la nation» mais ce dernier a exigé «des garanties pour sa propre sécurité». 

C'est donc l'autre vice-président, Phelekeza Mphoko, un proche de Grace Mugabe exclu dimanche du parti au pouvoir, qui hériterait de la présidence par intérim.  Deuxième scénario: la démission, la solution la plus simple et la plus rapide, mais la plus improbable après l'allocution télévisée du président qui a fait l'impasse sur cette possibilité. 

Vient en troisième lieu: le passage en force, si Robert Mugabe continue à refuser de céder à leurs injonctions, les militaires peuvent le renverser purement et simplement, un scénario qu'ils ont jusque-là délibérément écarté.