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Irak/Kurdistan : Avancée de l'armée irakienne à Kirkouk, appels au dialogue pour éviter l'affrontement

Publié par DKNews le 23-10-2017, 16h06 | 29
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Les forces irakiennes poursuivaient les actions en vue de réinstaurer définitivement l'autorité du gouvernement central sur Kirkouk (nord de l'Irak), jusque-là sous l'emprise des Kurdes, alors que les observateurs présagent une détérioration de la situation dans cette région disputée entre Baghdad et Erbil, notamment après le référendum d'indépendance organisé récemment dans le Kurdistan irakien.

Depuis le Kurdistan, le président irakien Fouad Massoum, a appelé récemment à trouver des solutions à la crise actuelle émanant des affrontements armés entre les forces fédérales et les Kurdes dans la zones disputées, suite au référendum sur l'indépendance kurde, tenu le 25 septembre dernier, soulignant l'importance du dialogue en vue de préserver l'unité du peuple et du pays.

De son coté le président du Parlement irakien, Salim al-Djabouri, a appelé l'ensemble des Irakiens à inculquer la culture de l'unité, invitant les parlementaires kurdes à mettre fin à leur boycott des sessions parlementaires du Parlement irakien et à entamer un véritable dialogue en vue de surmonter la crise actuelle.

Les forces armées irakiennes ont affirmé avoir atteint leurs objectifs dans la région de Kirkouk, à l'issue d'une opération de 48 heures lancée dans des zones en dehors du Kurdistan autonome, prises par les peshmergas (combattants kurdes) en 2014, lors du chaos né de l'offensive éclair des terroristes du groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech).

En conséquence, des élections présidentielle et législatives prévues initialement le 1er novembre dans le Kurdistan ont été reportées. La question de Kirkouk, la ville multi-ethnique, est restée en suspens entre Erbil et Baghdad.

La Constitution irakienne de 2005 prévoyait de trancher ce différend territorial par un scrutin, mais il ne s'est jamais tenu.

Ainsi, lorsque le président du Kurdistan Massoud Barzani a fixé la date du référendum, le Conseil provincial de Kirkouk a annoncé que celui-ci se tiendrait aussi sur son territoire, provoquant la colère de Baghdad.

Le premier ministre Haïder al-Abadi a laissé planer la possibilité d'une intervention militaire à Kirkouk.  "Si le citoyen de Kirkouk est exposé au danger, c'est notre devoir légitime d'imposer la sécurité", a-t-il dit.

Appels au dialogue pour éviter l'affrontement

 Vendredi dernier, la diplomatie américaine s'est dite "inquiète" des violences dans le nord de l'Irak et a demandé à l'armée irakienne de limiter ses mouvements près de Kirkouk et d'entreprendre uniquement des mouvements "qui ont été coordonnés avec le gouvernement autonome du Kurdistan".

La coalition internationale antiterroriste, dirigée par les Etats-Unis, qui soutiennent aussi bien Baghdad que les Kurdes dans leur lutte contre Daech, a exhorté les deux parties à éviter une escalade.

Aussi, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont demandé à toutes les parties de "s'abstenir de toute menace et d'un recours à la force, et de s'engager dans un dialogue constructif sur un chemin de désescalade".

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'était prononcé en septembre contre le référendum d'indépendance du Kurdistan, a réaffirmé mercredi dernier à l'unité de l'Irak.

Outre l'opposition des institutions fédérales d'Irak à la création d'un Etat sur des bases ethniques, des mesures de rétorsion avaient été prises par nombre de pays: à la demande de Baghdad, dont l'Iran et la Turquie.

Le pétrole, le grand enjeu

Les forces irakiennes ont descendu les drapeaux kurdes hissés sur les bâtiments et postes de contrôle des champs pétroliers de Bay Hassan et de Havana, pour les remplacer par des drapeaux irakiens.

Le pétrole est "une richesse nationale, elle appartient à l'Irak", a réagi le colonel Ahmed Modhi, de la police fédérale. En quelque sorte, "c'est un juste retour des choses", a-t-il jugé.

Avec la perte des champs pétroliers, le portefeuille kurde est divisé par deux, affirme le géographe Cyril Roussel.

Ce n'est qu'après avoir annexé en juillet 2014, les deux gisements de Kirkouk, suite à la victoire des Kurdes face à Daech, que le président kurde Massoud Barzani, a commencé à parler d'indépendance, avant il ne parlait que d'autonomie, rappelle ce spécialiste du Kurdistan irakien.
Les Kurdes d'Irak qui ont voté à 92% en faveur de son indépendance, jugent "inopportun" un vote maintenant.

En effet, le Kurdistan traverse une crise politique non négligeable: le mandat de Massoud Barzani a expiré le 19 août 2015, sans qu'un scrutin ne soit organisé pour élire son successeur.
Son mandat a donc été prolongé dans des conditions controversées.

Le Parlement du Kurdistan est aussi plongé dans une crise politique.
L'Assemblée a bien approuvé le 15 septembre dernier, par un vote à main levée, la tenue du référendum.

Mais c'était la première séance depuis deux ans. Les opposants au référendum estiment que Massoud Barazani devrait d'abord remettre son mandat en jeu par un scrutin en bonne et due forme.
La lutte contre Daech, la chute du prix du pétrole qui représente la quasi-totalité de ses revenus, et la rupture avec Baghdad qui ne contribue plus au budget de la région, prive Erbil de 80% de ses recettes, rend les choses plus complexes.

Et par dessus tout, le Kurdistan ne dispose d'aucune ouverture sur la mer. Il est enclavé entre l'Irak, l'Iran et la Turquie dont il dépend totalement pour ses exportations d'hydrocarbure.

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