Opération de l'appendicite : oui, il y a des risques

Publié par DK News le 18-02-2017, 15h38 | 61

Le décès du petit Corentin lors d'une appendicectomie rappelle que toute opération chirurgicale, même banale, comporte des risques.

L'appendice est une petite excroissance située dans l'abdomen, à la jonction entre l'intestin grêle et le gros intestin. L'opération est nécessaire lorsqu'il y a une inflammation.

Depuis une quinzaine d'années, le nombre d'appendicectomies s'est considérablement réduit avec une diminution de 34% des actes chirurgicaux. C'est essentiellement le recours à l'imagerie médicale, en particulier à l'échographie et au scanner, qui explique cette évolution positive .

Appendicite : quand opère-t-on ?
Le risque principal d'une appendicite est l'évolution vers la perforation de l'appendice puis la péritonite généralisée qui met en jeu le pronostic vital. La mortalité est de 0,1% dans les formes non compliquées et de 1,5 à 5% en cas de perforation de l'appendice.

Aussi, chaque année environ 80 000 appendicectomies sont réalisées en France. "On considère qu'il y a appendicite et qu'il faut opérer quand et seulement quand le diamètre de l'appendice excède 6mm" explique le Professeur Corinne Vons, coordonnateur de l'unité de chirurgie ambulatoire au CHU de Bondy (93).

Souvent considérée comme une opération "banale" par les patients, l'appendicectomie n'en demeure pas moins un acte chirurgical qui peut entraîner des risques. Le drame de la clinique hôpital Claude Bernard de Metz (le petit Corentin est décédé lors d'une opération de l'appendicite suite à une perforation de l'aorte et du foie) vient tristement de le rappeler.

Appendicectomie : quels sont les risques ?
Comme le souligne la Haute Autorité de Santé (HAS) "même si l'appendicectomie est un acte courant, il peut néammoins entraîner des complications spécifiques (péritonite par lâchage du moignon, abcès postopératoires...) et des complications inhérentes à tout acte de chirurgie abdominale (phlébite, embolie pulmonaire, hémorragie, infection au niveau de l'incision, de la sonde urinaire, d'une voie veineuse, occlusion et bride intra-péritonéale...)".

Pour les autorités sanitaires, l'enjeu est donc "l'adoption d'une attitude diagnostique appropriée qui permette aussi bien de diminuer le risque des appendicites perforées que de réduire le nombre d'appendicectomies inappropriées".

A Metz, l'hôpital fait l'objet de deux enquêtes, l'une judiciaire, l'autre administrative (diligentée par l'Agence régionale de santé), afin que les circonstances précises de la mort du petit Corentin soient élucidées.



on opère de moins en moins


Chaque année en France, environ 80 000 appendicectomies sont réalisées. Un chiffre qui a été divisé par trois en vingt ans et qui pourrait encore diminuer dans les années à venir car cette pathologie est de mieux en mieux comprise.

On n'opére plus systématiquement
Autrefois, on avait tendance à opérer tout ce qui semblait être une appendicite et, parfois, il s’avérait que… ce n’en était pas une. Aujourd’hui, en cas de doute, on a recours au scanner», explique le PrVons, chirurgienne au CHU de Bondy.

Les progrès de l’imagerie médicale, de plus en plus performante, permettent de poser un diagnostic beaucoup plus sûr. «On considère qu’il y a appendicite , donc qu’il faut opérer, quand et seulement quand le diamètre de l’appendice excède 6mm», précise notre spécialiste.

En plus de l’amélioration du diagnostic, les chirurgiens se sont rendu compte que la notion d’urgence était à revoir. En fait, on a compris qu’il existe deux formes d’appendicite : une simple et une compliquée, qui s’accompagne de nécrose et parfois de perforation de la paroi de l’appendice. Surtout, la forme simple n’évolue pas vers la forme compliquée. Il n’y a donc pas d’urgence à l’opérer. On peut prendre le temps du diagnostic et de la réflexion.

Le scanner permet en général de distinguer ces deux formes d’ appendicite . «Mais c’est un examen coûteux et qui engendre des irradiations. Les scientifiques travaillent actuellement sur la recherche d’autres facteurs discriminants, comme par exemple un dosage sanguin», ajoute le PrVons.

L’origine de cette inflammation constitue également un axe de recherche important. «Des études épidémiologiques ont montré que l’incidence de la forme non compliquée évoluait en fonction des saisons, un peu comme les épidémies. De ce fait, on suspecte une origine bactérienne», poursuit notre spécialiste.

La piste des antibiotiques
L’hypothèse d’une origine bactérienne de certaines appendicites a poussé les chercheurs à mettre en place des études comparant la chirurgie à un simple traitement antibiotique.
La dernière en date est une grande analyse compilant les données de plusieurs études, dont celle réalisée par le PrVons.

«Leurs auteurs concluent clairement qu’il n’y a aucun danger à traiter en première intention tous les patients par antibiothérapie et n’opérer que ceux qui ne guérissent pas», commente le PrVons. La chirurgienne reste, quant à elle, plus mesurée : «Il faut continuer les recherches pour mieux distinguer forme compliquée et forme simple et peut-être, dans un avenir proche, réserver l’appendicectomie aux seules formes compliquées». Qui restent une urgence chirurgicale !