Affaire Théo : Les banlieues parisiennes renouent avec la violence à deux mois de la présidentielle

Publié par DKnews le 15-02-2017, 14h52 | 266

Plusieurs banlieues sont le théâtre le soir de scènes de violences, depuis l'interpellation le 2 février dernier du jeune Théo à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis, Ile de France), un regain de violence redouté à deux mois de l’élection présidentielle française.

Dans la ville où s’est déroulée l’interpellation violente du jeune citoyen français (22 ans), des incidents se sont éclatés entre des manifestants durant trois nuits consécutives et, depuis mardi dernier, les échauffourées avec la police ont gagné d’autres villes de Seine-Saint-Denis (Argenteuil, Mantes-la-Jolie), de Val-d’Oise (Bobigny) et même en province (Rhône, Savoir et Aveyron), malgré les appels au calme du gouvernement.

Plusieurs voitures ont été brûlées au cours de ces échauffourées et les manifestants n’ont même pas épargné celles des médias, notamment RTL qui a porté plainte pour l’incendie samedi à Bobigny d’un de ses véhicules et BFM Paris qui va faire de même après l'agression d'un journaliste dimanche à Argenteuil. A Nanterre (Hauts-de-Seine), les policiers qui intervenaient lundi soir sur deux feux de véhicules ont été pris à partie par une trentaine de jeunes encagoulés.

L'un d'entre eux, âgé de 17 ans, a été interpellé et placé en garde à vue. Dans la nuit de lundi à mardi, au moins 25 personnes ont été interpellées en banlieue parisienne pour des violences urbaines, a indiqué mardi la préfecture de Paris, au moment où le président François Hollande, qui avait rendu visite à l’hôpital à la victime des violences policières, se rendait en Seine-Saint-Denis pour une visite centrée sur l'emploi des jeunes.

Dans la nuit de dimanche à lundi, plus de cinquante incidents avaient été recensés dans une trentaine de communes de région parisienne, selon un rapport interne de la préfecture de police de Paris cité par Le Figaro.

Par ailleurs, la radio France Inter a confirmé mardi l’information rapportée par L’Humanité qui avait rappelé que le patron des quatre policiers, auteurs de la violente interpellation et mis en examen, avait été condamné, en mars 2008, dans une affaire de violences policières.

Au cours de sa visite mardi en Seine-Saint-Denis, François Hollande a jugé inacceptable qu'il y ait de la casse dans les banlieues en réaction à l'affaire Théo, affirmant qu'il refuserait «toutes les provocations» et appelant au «respect» mutuel entre citoyens, police et justice. «On ne peut pas accepter, à cause d'un drame que j'ai moi-même dénoncé, qu'il y ait de la casse», a-t-il dit. Face à cette montée de violences, le ministre de l’Intérieur, Bruno

Le Roux, a lancé lundi un appel au calme, soulignant que «l'émotion légitime» suscitée par l'affaire Théo «ne saurait en rien justifier» ces «violences inacceptables».

A 70 jours du premier tour de la présidentielle, l’on craint en France que cette explosion de violences gâte encore un peu plus le climat de la campagne, qui connaît déjà avec l’affaire du candidat de la droite François Fillon, une situation inédite.

Ces violences, estiment des observateurs, sont venues poser le problème récurent de l’intégration pour s’imposer comme «thématique incontournable» de la présidentielle à laquelle, disent-ils, «il faut trouver des réponses concrètes», que les politiques n’ont par réussi depuis 2005 où des incidents ont touché presque tous les territoires de la France.

Des médias relèvent que depuis plus de trente ans, «les policiers et les habitants des cités sensibles sont ballottés au rythme des alternances politiques», sans y remédier avec un plan «durable» pour les banlieues. Ils estiment que le tissu social de ces endroits est devenu «hautement inflammable» où les citoyens sont rongés par le chômage et placés «sous perfusion.