Réhabilitation du vieux bâti à Skikda : 1,5 milliard de DA pour le plus important projet lancé en 2016

Publié par DKNews le 25-12-2016, 15h29 | 214

Le projet de réhabilitation du vieux tissu urbain de Skikda représente l’un des plus importants projets de développement local inscrit au titre de l’exercice 2016, nécessitant une enveloppe financière de 1,5 milliard de DA. Les travaux de rénovation des habitations anciennes, implantées au c£ur de Russicada, ont été scindés en 24 lots et visent à réhabiliter les anciennes demeures de la ville historique, dont la majorité date de l’époque coloniale.

L’opération de restauration a été confiée à un groupement algéro-espagnol constitué du centre de contrôle technique de l’Est et du bureau d’études ibérique «Aquidos», qui s’est inspiré, dans son étude, de l’archétype adopté pour la restauration des vieilles demeures de Barcelone (Espagne), ont indiqué les responsables du bureau d’études.

Pour ce faire, ce bureau espagnol a recouru à des techniques numériques ultra-modernes, visant à établir un «diagnostic exhaustif» de l’état de délabrement du vieux bâti de la rue Didouche-Mourad, communément appelée les arcades, et ce, en prenant en considération les expertises techniques effectuées durant les années 1990 et celles relatives aux années 2007 et 2011, afin de mener à bien ce projet auquel le gouvernement accorde une extrême importance.

Rénovation des Arcades, un vieux projet qui prend forme

L’opération de réhabilitation du tissu urbain de la rue Didouche Mourad a été entamée début septembre dernier, dans de «bonnes conditions», suscitant une «grande adhésion» de la part des citoyens, a affirmé à l’APS Saâdane Benaissa, responsable du projet à l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de la wilaya de Skikda.

Il a précisé que les travaux ont ciblé le lot n°14 composé de 16 locaux commerciaux et enregistrent un taux d’avancement «appréciable» de 35 %, eu égard au délai de l’opération fixé à 18 mois, alors que les travaux concernant le lot n°17, situé à l’entrée de la rue des Arcades, seront lancés durant le «1er trimestre 2017», a-t-il assuré.

L’opération de restauration englobe la rénovation des façades, des balcons, des escaliers, des terrasses ainsi que le renforcement des piliers, en sus de la consolidation des parties menacées d’effondrement, a-t-il souligné, indiquant que la décision d’entamer les travaux par le lot n° 14 est dictée par son emplacement stratégique au centre de la rue des Arcades.

Il est attendu de la rénovation de ce lot, confiée à une entreprise algérienne privée, la reconfiguration du paysage architectural de la «reine de l’Est», afin de redorer sa reputation de destination enchanteresse, d’autant que cette entreprise a, à son actif, de nombreuses opérations de restauration à Alger et Oran, a ajouté M. Benaissa.

Il a également fait part de «craintes» d'habitants de la rue des Arcades qui réclament l’accélération de la cadence des travaux, par peur des effondrements itératifs des habitations, devenues pour eux, une menace permanente, attestant que ces craintes sont partagées par les propriétaires des magasins et des kiosques mitoyens, comme l’a exprimé le gérant d’un café situé dans un immeuble menaçant ruine, et dont le commerce est mis à mal par la diminution du nombre de ses clients qui ne cesse de s’éroder.

Ressusciter la vieille ville, une priorité pour les pouvoirs publics

De son côté, Azzedine Antri, chef de la daïra de Skikda, a rassuré qu’il n’existe «aucune volonté de procéder à des démolitions dans la vieille ville», imputant cela à la nature complexe de ce site caractérisé par des habitations édifiées en bloc cimentés, collées les unes aux autres.

Dans ce contexte, il a souligné que cette situation rendrait difficile toute opération de démolition dans la vieille ville, à cause des risques encourus d’effondrement à la chaine, ajouté au problème lié à la nature juridique des habitations en matière de propriété, d’autant que la vieille ville renferme non seulement des logements, mais aussi des commerces.

Pour le même responsable, l’opération de réhabilitation du patrimoine historique et culturel de cette ville ancienne reste, donc, «la solution la plus appropriée» pour préserver ces habitations.

La réhabilitation du patrimoine immobilier de Skikda avait constitué une des principales préoccupations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors d’une récente visite de travail dans la wilaya.

Elle revêt aussi une importance capitale du fait qu’elle contribuera à sauver des vies humaines menacées par les risques d’écroulement des demeures aux murs lézardés et aux toits et escaliers menaçant ruine.

La situation «désastreuse» des 127 bâtisses de la rue Didouche Mourad, construites en 1890, et qui compte aussi 604 logements et 350 locaux commerciaux,  est la conséquence d'infiltrations d’eau aggravées par la topographie de la ville.

Celle-ci est dressée sur une cuvette assortie de pentes favorisant la convergence des eaux vers la rue Didouche Mourad, entrainant l’érosion et la dégradation avancée des habitations, en plus de l’absence d’entretien et l’obstruction des canalisations d’eaux usées, a-t-on noté.

Les habitants de Russicada attendent beaucoup de la réhabilitation du vieux tissu urbain et nourrissent l’espoir de préserver la pérennité de ce patrimoine pour rendre à la ville son lustre et sa beauté d’antan afin d’impulser un nouveau souffle au secteur du tourisme.