Audiovisuel en France : Nouvelles secousses

Publié par Cherbal E-M le 30-10-2016, 17h10 | 59

Décidemment, le secteur de l’audiovisuel en France vit au rythmes des perturbations depuis la rentrée sociale de cette année. Après le mouvement de contestation qui   a traversé France2, et particulièrement visé son directeur de l’information Michel Field, c’est au tour d’iTélé, chaîne d’information privée appartenant au groupe industriel français Bolloré de vivre des moments de tensions sociales.

En grève depuis deux semaines, les salariés de la chaîne viennent de reconduire, ce week end leur mouvement de protestation après avoir constaté qu’il n’y avait aucune porte de sortie possible en l’état actuel des pourparlers entre eux et la direction.

« Outre le départ de l'animateur controversé Jean-Marc Morandini, mis en examen pour "corruption de mineur" et de "corruption de mineur aggravée", les salariés demandent une charte éthique pour garantir leur indépendance vis-à-vis de leur principal actionnaire, Vincent Bolloré. Ils réclament aussi davantage de moyens pour relancer la chaîne, lourdement déficitaire », résume le site de la radio française franceinfo.fr qui se fait l’écho de l’état d’esprit des grévistes, dont un des membres, estime qu’il «  n'y a pas de négociations.

La direction joue l'enlisement, elle dit non à tout, sauf peut-être donner une pincée de plus pour ceux qui veulent partir », ajoutant un peu plus qu’il n’y  a « aucune avancée, même plutôt un recul. La seule perspective de ce mouvement est la porte de sortie. Aucune réunion n'est prévue. Mais c'est un combat pour l'honneur, il faut le mener », déclare-t-il sur franceionfo.fr.

Le gouvernement français est intervenu par l’entremise de la direction du travail pour tenter de faire amorcer et aboutir un dialogue entre les deux parties sans toutefois obtenir de résultats pour le moment. La ministre de la culture et de la communication Audrery Azoulay a indiqué avoir mis en place une ‘’médiation sociale ;  «Les voies normales du dialogue n’ont pas été respectées (...) Un travail de médiation sociale a été mis en place à ma demande et à celle de la ministre du travail Myriam El Khomri. La Direction régionale du travail est sur place et elle y restera, pour renouer le dialogue», a-t-elle déclaré selon le site www.leprogres.fr

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, autorité indépendante de régulation de l’audiovisuel a été saisie également du dossier sur demande des grévistes qui « accusent la chaîne de violer plusieurs obligations prévues dans la convention qu’elle a conclue avec le CSA, notamment en laissant son actionnaire intervenir sur son contenu éditorial et en mélangeant information et divertissement », note ce même site qui parle par ailleurs d’une autre saisine effectuée envers la justice, « saisie par le Comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) de Canal+ à propos du déménagement d’une partie des locaux d’iTélé, réalisé le week-end dernier sans son approbation », écrit-il.

En déplacement en Afrique de l’ouest, le premier ministre Manuel Valls a fait entendre son point de vue sur la question en appelant d’abord à ‘’la responsabilité et l’éthique de responsabilité’’. Sur le fond, même si le conflit oppose deux antagonistes opérant dans une entreprise privée, Valls  ne s’est pas privé de faire la leçon, en ce qui concerne la demande des journalistes de faire parti Morandini, soupçonné de ‘’corruption de mineur’’ : « C'est un problème de management, de compréhension de ce que disent les journalistes, et d'attitude.

La présomption d'innocence est là, mais les médias seraient les premiers à dire qu'un politique, ayant agi de telle manière, ne pourrait pas rester au gouvernement avant même qu'il soit condamné. Donc la question est a fortiori posée quand elle concerne un journaliste ou un présentateur », a-t-il affirmé, laissant aisément transparaitre un clair soutien aux revendications de journalistes.

CEM