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APN : Les évolutions économiques et monétaires du pays à l’ordre du jour

Publié par DK News le 22-03-2016, 15h23 | 89
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Le Gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci a présenté mardi à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) les évolutions économiques et monétaires du pays en 2014 et 2015, et a insisté sur le caractère "vulnérable" de la situation financière du pays face aux chocs externes.

Il s'exprimait lors d’une séance plénière présidée par le président de l’APN M. Larbi Ould Khelifa.

La baisse des prix mondiaux de pétrole, traduite par un recul du baril algérien à 55,76 dollars en moyenne durant les neufs premiers mois de 2015 contre 106,65 dollars/baril pour la même période de 2014, a fortement impacté les ressources du Trésor algérien, souligné M. Laksaci.

Ces ressources ont, en effet, subi une érosion de l’ordre de 1.972,8 milliards de dinars (mds DA) entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015, soit une réduction de 40,4 % en l’espace d’une année seulement, après plusieurs années d’épargne budgétaire soutenue, souligne-t-il.

C’est que les exportations d’hydrocarbures ont chuté à 25,79 milliards de dollars (mds USD) au cours des neuf premiers mois de 2015 contre 46,86 mds USD une année auparavant.

Cette contraction de 45% de la valeur des exportations d’hydrocarbures, associée à une baisse de 3% des quantités exportées,  "confirme l’ampleur du choc externe qui pèse sur l’économie nationale, très vulnérable à la ressource hydrocarbures",  commente le gouverneur.

Les recettes de la fiscalité pétrolière ont de leur côté reculé à 1834,14 mds DA à fin septembre 2015 contre 2603,40 mds de DA au cours de la même période de 2014.

Quant aux exportations hors hydrocarbures elles demeurent "structurellement faibles" avec à peine 1,09 md USD au cours des neuf premiers mois de 2015.

Les importations se sont par ailleurs établies à 39,70 mds USD contre 45 mds USD au cours de la même période de comparaison.

Ainsi, le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 2,93 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2014  à un déficit de 12,82 mds USD cours de la même période de 2015.

Le solde global de la balance des paiements affiche enfin un déficit de 20,82 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de seulement 3,02 mds USD durant la même période de l’année passée.

Ce déficit record a fait que les réserves officielles de change (hors or) se sont fortement contractées à 152,70 mds USD à fin septembre 2015 contre 159,03 mds USD à fin juin 2015 et 178,94 mds USD à fin décembre 2014.

Cette situation a induit une dépréciation de 19,57 % du cours moyen du dinar contre le dollar américain et de 2,16% par apport à l’euro.

Cependant, la contraction des ressources financières n’a pas empêché la progression des crédits à l’économie qui ont cru de 13,35 % durant les trois premiers trimestres de 2015.

Les crédits accordés au secteur public ont atteint 3.865,3 mds DA (+14,28%) à fin septembre 2015, ceux accordés au secteur privé 3.058 mds de DA  (+12,5 %) alors que les crédits accordés aux ménages ont atteint 449,2 mds DA (+11,19%).

Mais le rythme d’expansion des crédits à l’économie ne semble pas pour autant "être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie", a souligné M. Laksaci.

A fin septembre 2015, la liquidité globale des banques s’est établie à 1.828 mds de DA contre 2.730,88 mds de DA à fin décembre 2014.

Pour ce qui est de l’inflation, elle a atteint 5,3 % en septembre 2015, un taux qui "ne peut s’expliquer par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’expansion de la masse monétaire, qui s’est accrue à un taux historiquement bas, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés" relève le gouverneur.

Il convient alors, soutient-il, d’en "rechercher les causes profondes (de l’inflation) dans les dysfonctionnements du marché et notamment celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation".

Juste après la présentation du Gouverneur, les députés ont entamé les débats autour de la conjoncture financière et économiques du pays.

Soixante-dix interventions sont programmées mardi et mercredi avant la réponse de M. Laksaci aux questions et préoccupations des députés.

(APS)


La baisse des ressources, la dépréciation du dinar et le marché informel inquiètent les députés

La majorité des députés qui débattaient le rapport sur les évolutions économiques et monétaires du pays ont exprimé leur inquiétude face à la baisse des ressources de l'Etat, l’expansion du marché informel et la dépréciation de la monnaie nationale, craignant une forte érosion du pouvoir d’achat des citoyens à court terme.

La note de conjoncture économique et financière de l'Algérie pour 2014 et les neuf premiers mois de 2015 a été présentée mardi par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci devant l'Assemblée populaire nationale (APN).

Au moment où les ressources du Trésor reculaient de plus de 40% durant les neufs premiers mois de 2015 par rapport à la même période de 2014 "l’évasion fiscale s’évalue à 9.400 milliards de DA", s’est indigné Djelloul Djoudi du PT (Parti des travailleurs) lors d’une séance plénière présidée par M. Larbi Ould Khelifa président de l’APN pour débattre ce rapport.

"Il faut combattre cette évasion fiscale par tous les moyens", a-t-il recommandé en appelant le gouvernement, d'autre part, à éviter le recours à l'endettement extérieur pour ne pas "tomber de nouveau dans un ajustement structurel tel qu'à connu le pays durant les années 1990''.

De son côté, Lakhdar Ben Khellaf, député du FJD (Front pour la justice et le développement), a appelé à "l’ouverture de bureaux de change en Algérie et absorber les 3.700 milliards de DA de fonds circulant hors circuit bancaire".

Il a suggéré, à l'instar de beaucoup d'autres intervenants, l'introduction de produits bancaires "licites" (conformes à la Charia), en s'interrogeant, par ailleurs, sur les motifs ayant poussé l’Exécutif à "changer d’avis concernant l'endettement extérieur, considéré tabou depuis de longues années".

"Je crains des répercussions désastreuses de la dépréciation du dinar sur l’économie nationale et sur le pouvoir d’achat des citoyens", a lâché, de son côté, Mansour Abdelaziz, député indépendant.

Rappelant la baisse jamais égalée que connaît la monnaie nationale actuellement, cotée officiellement à 124 DA/euro et à 110DA/dollar pour la semaine en cours, il a exprimé ses craintes de voir "l’inflation et l’érosion du pouvoir d’achat, du fait de cette dépréciation, compromettre l’emprunt obligataire national" que compte lancer l'Etat en avril prochain.

"Si le dinar continuera sa baisse, les gens vont bouder l’emprunt pour placer leur argent dans des valeurs refuges", a-t-il averti.

Ilias Saadi du FLN (Front de libération nationale) a surtout insisté sur la transparence de la gestion des réserves de changes du pays notamment dans la conjoncture financière actuelle en se demandant "pourquoi on ne rend pas publiques les réserves en or ?".

La lutte contre la déperdition des ressources publiques et du gaspillage dans toutes ses formes, l’amélioration des rendements des crédits bancaires, la diversification des exportations et le renforcement de la coordination entre la Banque d’Algérie et le gouvernement ont constitué les autres principales propositions des députés, dont les critiques semblaient plus sévères que d'habitude.

Les débats autour des évolutions économiques et monétaires du pays se poursuivront jusqu’à mercredi avant que M. Laksaci ne réponde, le même jour, aux députés.

(APS)

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