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Le président de l’UNPA, M. Mohamed Alioui, invité du forum de DK NEWS : Jeudi, «les éleveurs vont casser les prix»

Publié par Said Abjaoui le 16-09-2015, 00h29 | 308
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« Jeudi, les éleveurs vont casser les prix », ..C'est ce qu'a déclaré M.Mohamed Alioui au Forum de DK NEWS.  Celui qui l’affirme n'est pas n'importe qui. Il est le président du syndicat de l'Union nationale des paysans algériens. Ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter un mouton pour respecter la Sunna, soit les petites bourses,  méritent bien quand même que les éleveurs et marchands de moutons fassent un geste, un beau geste. Il faudrait donner un peu de joie aux enfants, surtout qu'il s'agit de la fête de Aïd El Kebir. Une fête où s'exprime la  solidarité.

Cette fois-ci, rapporte le conférencier, nombre d'éleveurs vont eux-mêmes aller sur les marchés pour vendre directement aux populations, donc sans intermédiaires.

 Bien que l'on soit à la veille de l'Aïd, le président de l'UNPA se penche également sur la situation de l'agriculture.

 En cette période économique que nous souhaitons non durable au niveau où elle est,  et surtout non structurelle, tout le monde s'accorde à dire que rien n'est encore perdu pour ce qui concerne l'agriculture et qu'il est possible d'obtenir sa relance, plus particulièrement si on arrive à « réduire » les importations. Pari ouvert, selon les propos de  M. Mohamed Alioui, président du syndicat de l'Union nationale des paysans algériens, invité hier du Forum de DK NEWS.

Tout est donc encore possible si on arrive à réunir les conditions favorables à la relance de l'économie, et principalement de l'agriculture. Il faut retenir qu'il n'est pas facile de sortir d'une économie planifiée pour entrer dans une économie de marché. On y est entré par la porte du 5 octobre 1988, soit une entrée brutale deux années après la crise financière,  tout comme durant la  décennie de la tragédie, durant laquelle notre pays a supporté tout seul le fardeau du terrorisme, l'entrée en économie de marché et l'entrée dans une violence jusque-là inconnue que nous avions affrontée sans les aides internationales.

Toujours selon l'orateur, cela a été difficile mais il y eut comme amorce d'une solution apaisante la concorde civile de Zeroual et la réconciliation initiée par Bouteflika. La paix était un préalable à la construction (ou reconstruction) d'une économie forte et de tout ce qui peut aller avec.  Pour l'agriculture, seule le Syrie a aidé l'Algérie en lui donnant des semences. Selon Mohamed Alioui, il faut bien que l'Etat agisse pour ne pas rééditer les importations qui vont à la poubelle, telle la poudre de lait.

Les crédits anseJ auraient pu contribuer  au renforcement de l'agriculture s'ils avaient pu être pensés dans ce sens. Il existe une masse de jeunes qui auraient dû être orientés vers l'économie agricole par une politique de crédits bien ajustée. Il apparaît quelques erreurs corrigeables de la part de l'Etat ne serait-ce qu'au niveau de mesures à prendre pour encourager la production nationale.  Un exemple au moins à considérer, celui qui consiste pour les importateurs à placer leurs produits importés juste là où le paysan place ses produits. D'autres exemples sont  à méditer. Le foncier agricole est retiré des mains des paysans pour le donner à ceux qui ne l'exploitent pas ou qui en dévient la mission. Comment développer la production de lait et de viande si le foncier est détourné ?

Qu'est-ce qui empêcherait la vente de terrains sur les Hauts Plateaux et au Sud pour donner un choix à l'éleveur, soit faire l'acquisition d'un terrain de dix ou vingt ha et y installer ses vaches ou seulement acquérir du foncier et y produire du fourrage à transporter là où il était installé ?

Le prix du mouton reste ainsi élevé. Pourquoi ne pas tenir compte du vol de moutons et de la pratique de la violence qui s'ensuit, ou plutôt de la violence qui empreint le climat ?

Said Abjaoui


Mohamed Alioui, SG de l’UNPA : La rencontre avec le premier ministre

« Nous avons dit au Premier ministre que la terre est la base de l’indépendance sous toutes ses formes. Que le paysan algérien est la force la plus sûre pour préserver le capital que représente ce facteur de production. Nous avons toujours la volonté malgré les vicissitudes, la marginalisation pour ne pas dire l’abandon de la paysannerie. »

 

Un million d’hectares de jachère au Nord

Le Premier ministre a entendu nos arguments : « Comment faire pour exploiter un million d’hectares de terres du littoral ? Tout le monde sait que le choix de  l’économie de marché a permis à des agriculteurs d’accéder à la jouissance de parcelles de terres, mais qu’ils n’ont jamais eu accès au crédit.

 

Des crédits au Sud

« Au Sud, à Adrar, 35 000 hectares ont été cédés, mais seulement 1500 sont productifs. Le reste ? Les bénéficiaires se contentent de demander et d’obtenir des crédits» affirme Mohamed Alioui.

 

L’UNPA a mis les points sur les «i»

Le secrétaire général de l’UNPA a rappelé que des décisions prises du temps du président Chadli Bendjedid ont été seulement appliquées en 2006 !

« Pourquoi accorde-t-on des crédits à des projets improductifs au lieu de les orienter vers les jeunes qui veulent travailler la terre et diversifier les activités qui lui sont liées : mise en valeur, cultures maraîchères et vivrières, etc. ? ». Savez-vous que sur les 300 milliards de dollars qui ont représenté les recettes en hydrocarbures, seulement 5,10% sont « arrivés » au paysan et sur cette part 40% sont allés aux producteurs et 60 aux intermédiaires, aux affairistes », souligne M. Alioui.

 

Le prix de la viande de mouton

Le secrétaire général de l’UNPA a jeté un pavé dans la mare en révélant que l’Arabie saoudite, les Emirats, l’Egypte et d’autres pays arabes achètent des ovins sur pied au Soudan (le Soudan possède 260 millions de têtes d’ovins et caprins). Pourquoi pas l’Algérie ? Figurez-vous que les vétérinaires envoyés en mission au Soudan ont prétendu que le mouton soudanais était porteur de maladies ! Ce que les autres pays arabes n’ont jamais confirmé. »

Le secrétaire général de l’UNPA a obtenu du gouvernement que quatre wilayas du Sud algérien, Tamanrasset, Adrar, Tindouf et Illizi étaient dorénavant autorisées, dans le cadre du troc, à échanger des produits algériens avec des moutons soudanais : «  Si on importait pour tout le pays de la viande  de mouton soudanais, le prix du kilo ne serait que de 400DA ! » A propos du mouton de l’Aïd, le secrétaire général de l’UNPA a affirmé que «  dès jeudi, les marchés de tout le pays seront submergés d’ovins mis en vente directe par leurs éleveurs. Comme cela fut avec les fruits et légumes durant le Ramadhan. »

 

« Ne pas briser le producteur algérien »

«  Chaque fois que des mesures ouvrent la voie à une production algérienne suffisante, les importateurs mettent sur le marché, en même temps, les mêmes produits, y compris la pomme de terre ! » «  En Tunisie, l’Etat n‘empêche pas les importateurs d’agir, mais les droits de douane sont si élevés pour les produits commercialisés que la dissuasion est protectrice du fellah tunisien. Il n’y a rien de semblable dans notre pays où l’importateur brise sciemment l’effort national », s’insurge Mohamed Alioui.

 

La filière lait

A ce propos, le secrétaire général de l’UNPA a attiré l’attention sur la situation d’éleveurs de vaches laitières sans terre : «  J’ai proposé que les producteurs de lait s’organisent en coopérative à Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès et que l’Etat leur octroie autant de dizaines de milliers d’hectares que nécessaire au Sud, sur des superficies irriguées.

 

Soutien de l’activité agricole

Le secrétaire général de l’UNPA a obtenu du Premier ministre qu’il lève les obstacles bureaucratiques à l’activité productive et à l’accès au crédit : « Dorénavant, il suffira d’une carte nationale d’identité et d’un document attestant de l’activité pratiquée pour bénéficier de crédits. Dans les meilleurs délais.   Mohamed Alioui est convaincu que le Premier ministre fera de chaque wali, le chef de chantier du renouveau de la paysannerie algérienne.

O. Larbi


A retenir ... A retenir ... A retenir ...A retenir ...

Filières céréalières et lait

La récolte  de céréales 2014-2015 est de 40 millions de quintaux, contre 35 millions de quintaux la saison 2013-2014,

  En dépit d'une amélioration de la couverture des besoins alimentaires de la population par la production locale, l'Algérie demeure confrontée à une facture alimentaire coûteuse, alors que l'activité agricole reste dépendante de la pluviométrie et sous-mécanisée.

 

Superficies réservées à la céréaliculture :

3,3 millions d'hectares, dont 1,5 million d'hectares pour le blé dur, 1 million d'hectares réservé à l’orge, 600 000 hectares pour le blé tendre, 100 000 hectares pour l’avoine.

 

A l’horizon proche ( 2019) :

70 millions de quintaux (le record en matière des céréales enregistré la saison 2008-2009, avec 61,2 millions de quintaux,) les prévisions du quinquennat 2015-2019 tablent sur une production céréalière de 69,9 millions de quintaux (qx), soit environ le double de la récolte actuelle, et ce, en tablant sur l'extension des surfaces irriguées d'un (1) million d'ha supplémentaires dont 600.000 ha seront réservés à la culture céréalière.

* Si, extension des surfaces irriguées, l’intégration de la fertilisation, des semences certifiées et du renforcement de la mécanisation

*Atteindre l'autosuffisance en blé dur d'ici 2019 est possible « mais à condition d'une large extension de la superficie irriguée consacrée à la céréaliculture… l'objectif retenu de 600.000 ha de céréales en irrigué avec un rendement moyen de 30 quintaux/ha, nous pourrons facilement atteindre l'autosuffisance en blé dur», selon l’OAIC.

Or, seulement 240.000 ha bénéficient actuellement de l'irrigation, soit 72% de cette superficie.

Les rendements de blé dur se sont relativement améliorés ces dernières années grâce à la nouvelle politique de soutien et d'accompagnement adoptée par les pouvoirs publics depuis 2009, en passant de 10 qx/ha à20 qx/ha.

 

Import

Les importations continuent à peser puisqu'elles avaient atteint plus de 784 millions de dollars en 2014 pour une quantité de 1,98 million de tonnes, contre plus de 434 millions de dollars en 2013 (1,09 million de tonnes).

Les importations des céréales en général (blés dur et tendre, orge et maïs) se sont établies à 3,54 milliards de dollars en 2014, contre 3,16 mds usd en 2013 (+12%).

 

Crédit bancaire

 L'équipement des parcelles céréalières en systèmes d'irrigation (pivots, asperseurs...) notamment au sud du pays.

Grâce à un crédit bancaire, la superficie équipée a atteint, jusqu'à maintenant, 30.000 ha contre 24.000 ha en 2014.

Le coût de cette opération est soutenu à hauteur de 50% par l'Etat, le reste étant remboursé par le producteur sur trois années en livrant sa production à cet office céréalier qui a passé une commande de matériels d'irrigation à Anabib pour équiper des agriculteurs dès la prochaine saison.

«Cette année, les producteurs, qui ont apporté une irrigation d'appoint et respecté l'itinéraire technique de culture, ont enregistré des rendements appréciables malgré la sécheresse qui a sévi durant mars et avril.

 

Labours-semailles

Pour la saison prochaine, l'Oaic, qui encadre la campagne labours-semailles, compte aussi introduire de nouvelles variétés de semences de blé et augmenter les quantités de semences certifiées commercialisées ainsi que les engrais.

 

Rendements

Concernant les rendements, l'office, qui rachète la production des agriculteurs, a enregistré 10 à 50 quintaux/ha à sec (production dépendant de la pluviométrie) et 60 à 75qx/ha en irrigué.

L’OAIC compte porter de 10.000 à 40.000 ha la superficie dédiée à la culture des légumineuses alimentaires (pois chiches, lentilles, fèverole, luzerne, pois fourrager...).

«Nous avons passé une grande commande de semences de légumineuses alimentaires pour la saison agricole 2015-2016 en vue de résorber la jachère qui se situe dans les bassins céréaliers en haute plaine», fait-il savoir.

 

Prix

Des discussions sont en cours avec le ministère de l’Agriculture dans l’optique de permettre aux agriculteurs de commercialiser eux-mêmes leurs productions dans les marchés de gros des fruits et légumes, a annoncé  à Sétif le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb.

Cette mesure devrait permettre de réguler les prix.

 

Lait, dispositif consensuel

De nouvelles mesures visant à sauvegarder les intérêts des éleveurs et à garantir un fonctionnement équitable de la filière lait ont été prises par le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche.

Ce dispositif a été décidé après une rencontre récente entre le ministre du secteur, Sid Ahmed Ferroukhi, et les représentants des éleveurs laitiers et ce, « en réponse à l'urgence de la situation des éleveurs, qui font face depuis plusieurs mois à des contraintes liées à l’accès aux aliments du bétail, aux lenteurs enregistrées dans le paiement des primes de soutien aux producteurs du lait cru ainsi qu'à la révision du prix de cession du lait cru auprès des laiteries. Des mesures de court et moyen termes ont été arrêtées, auxquelles s'ajoutera un mécanisme de suivi et de contrôle qui impliquera l’interprofession du lait ».

Après un long débat «serein et responsable», lors de la réunion entre le ministre et les représentants de la filière, un consensus a été dégagé sur la base d’une démarche définie et un calendrier arrêté en collaboration avec l’interprofession, afin de mettre en place les mécanismes de sauvegarde des intérêts des éleveurs laitiers.

Il s'agit aussi de garantir un fonctionnement «économique et équitable» de la filière lait, et ce, dans l'objectif d'assurer l’intégration de la production nationale et la réduction des importations de lait.

Ainsi, le ministère s'est engagé, à court terme, à mettre en place des mécanismes d’approvisionnement direct, en aliment du bétail (son), des éleveurs laitiers auprès des minoteries, de décentraliser le dispositif de soutien à l’effet d’améliorer son efficacité et de réduire les délais de paiement des primes.

Concernant la révision du prix du lait cru, les deux parties ont convenu d'engager des négociations entre les éleveurs et les transformateurs (laiteries) en vue de déterminer un nouveau prix de référence qui prendra en considération les conditions des producteurs de lait cru.

A moyen terme, les nouvelles mesures porteront sur l'examen des moyens d’optimiser le dispositif actuel de soutien, notamment la révision de la nomenclature de soutien, le mode opératoire et la promotion du crédit fédératif.

Il s'agit aussi de finaliser l'organisation et la structuration de la filière lait aux niveaux local, régional et national et de mettre en œuvre, avant la fin de l’année 2015, un programme de développement et d’intégration de la production nationale de lait.

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