Culture

Constantine, capitale de la culture arabe 2015 : émouvant hommage à des chantres disparus de la musique savante constantinoise

Publié par DK News le 14-06-2015, 18h22 | 71
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Quatre (4) chantres de la musique savante constantinoise, en l’occurrence cheikh H’souna Ali-Khodja, Ahmed et Abdelkrim Bestandji et Larbi Belamri, ont été honorés à titre posthume, samedi soir au palais de la culture Malek-Haddad, au cours d’une Gaâda dans la pure tradition du Rocher.

Sur une initiative du département du Patrimoine immatériel et arts vivants du commissariat de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», amis et proches des artistes ont ravivé la mémoire musicale de la ville avec des témoignages poignants sur le parcours et la contribution de ces figures emblématiques dans la préservation de la musique savante dans l’antique Cirta.

Seddik, le fils de H’souna Ali-Khodja (1896-1971), surnommé par ses pairs «l’artiste intellect», a affirmé que la musique était pour son père «une passion à laquelle il a voué toute sa vie sans jamais en faire une source  de revenus». Cheikh H’souna travaillait à l’usine de tabac de la famille Bentchikou, et dépensait sas compter pour assouvir sa passion : le Malouf, le Z’djel, les Madih, l’Istikhbar et les qacidas classiques.

Il excellait, selon des musiciens qui l’ont côtoyé, à la derbouka, au naghrate et au luthiste hors pair. L’histoire retient que Cheikh H’souna a œuvré sans relâche, avec les Chouyoukh Kaddour Darsouni et Abdelkader Toumi, à préserver le Z’djel (une forme d’expression poétique en arabe dialectal) de la déperdition en écrivant la plupart des qacidas.

Le «cahier magique» de H’souna, a-t-on rapporté, a sauvegardé une partie de la mémoire musicale de la ville mais aussi du pays tout entier. Evoquant Ahmed Bestandji (1875-1946), M. Mohamed El Eulmi, chercheur spécialisé dans le patrimoine, a souligné que Cheikh Bestandji, adepte de la confrérie Hansalia a réussi, comme tous les membres de sa famille, a réussi à introduire certains instruments musicaux au sein de cette confrérie. Animée, riche et empreinte de nostalgie la «causerie» a dévoilé qu’Ahmed Bestandji, violoniste hors-pair, a également  mis en musique des qacidas «Al Akikia» (La cornaline) du poète Sidi Saïd Al Mandassi, et «Fiya chiya», composée au XVIIe siècle par le poète mystique Sidi Bahloul Cherki.

Son neveu Abdelbaki Bestandji (1886-1940), surnommé Abdelkrim, était un maître du luth, ont affirmé des mélomanes et des membres d’associations musicales. Ses initiateurs au luth étaient, a-t-on affirmé, étaient les juifs tunisiens N’sim Boukebous et Benzerti. Surnommé «le professeur du ‘oud arabi à Constantine», le cheikh, a-t-on également rapporté, a fait des fondouks de la ville des ponts, ces bâtiments à multiples fonction, un lieu d’apprentissage de la musique savante. Chacun retient qu’Abdelkrim Bestandji était le formateur des plus brillantes promotions de luthistes, au début du XXe siècle à Constantine, comme Abdelkrim Belemoufek, Maurice Idri, Yakoub Nabet et Raymond Leyris.

Larbi Belamri (1893-1966), de son vrai nom Abdelhamid, «Bachaâdel» (suppléant du Cadi) était issu d’une famille de muftis et d’imams. Il avait préféré la musique à toute autre profession en dépit de l’opposition farouche de sa famille, a-t-on témoigné. Sa nièce a rapporté que Larbi Belamari pratiquait sa passion au fondouk Bachtarzi et dans un café à Souk El Asser.

Des mélomanes présents à la soirée ont affirmé que Belamri, surnommé «le passeur», avait une capacité exceptionnelle d’apprentissage qui lui avait permis d’emmagasiner une grande partie du patrimoine musical constantinois qu’il transmit aux générations montantes de la musique, à l’époque. Des témoins ont cité Kaddour Darsouni, Khodja Bendjelloul et Hamou Fergani parmi les élèves de Si Larbi. Instrumentaliste distingué au tar, à la derbouka et dans d’autres instruments, Belamri travaillait également avec Raymond Leyris et Sylvain Ghrenassia.

Passionnante et riche de nombreux éclairages sur la scène musicale constantinoise à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, ce type de Gâadas constantinoises sera renouvelée  chaque mois, tout au long de l’année culturelle, avec des hommages à plusieurs autres figures emblématiques de la musique citadine constantinoise, a affirmé à l’APS la responsable du département Patrimoine immatériel et arts vivants du commissariat, Mme Halima Ali-Khodja.

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