Grossesse et paracétamol des risques pour le foetus

Publié par DK NEWS le 06-12-2021, 14h58 | 7

Pris pendant la grossesse, le paracétamol agirait comme un perturbateur endocrinien et engendrerait des effets sur le développement neurologique du fœtus. Les chercheurs conseillent aux femmes enceintes d'en consommer le moins possible et sur des périodes les plus courtes possible.

 

Une méta-étude publiée ce 23 septembre dans la revue Nature Reviews Endocrinology, appelle les femmes enceintes à être particulièrement prudentes avec le paracétamol car cet antidouleur, souvent considéré à tort comme anodin, pourrait altérer le développement du fœtus en agissant comme un perturbateur endocrinien. "Nombreuses sont les femmes enceintes qui ne considèrent pas le paracétamol comme un vrai médicament avec de possibles effets secondaires”, explique le Dr David Kristensen, auteur de l’étude et chercheur à l’université de Copenhague (Danemark). Or, les chercheurs ont examiné toutes les études existantes sur les liens entre paracétamol et grossesse publiées de 1995 à 2020 et leurs conclusions sont unanimes : le paracétamol viendrait perturber la production de certaines hormones, chez le fœtus comme chez la mère. Ce ce qui viendrait, à son tour, augmenter les risques de certains troubles neurodéveloppementaux, reproducteurs et urogénitaux.
"Sur la base de cette recherche, nous pensons en savoir suffisamment pour nous inquiéter des risques potentiels de développement associés à l'exposition prénatale à l'acétaminophène (autre nom du paracétamol) et nous appelons donc à des mesures de précaution" alertent-ils.
Au printemps dernier déjà, une étude menée par l’Institut de Barcelone pour la santé mondiale et portant sur plus de 70 000 enfants, alertait les futures mamans sur la prise de paracétamol au cours de la grossesse. Selon cette étude, publiée dans l'European journal of epidemiology, les enfants exposés au paracétamol avant la naissance seraient 21% plus susceptibles de développer des symptômes de troubles de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) que les enfants non exposés. Et ils auraient 19% de risques en plus de souffrir d'un trouble du spectre autistique.
"Nous avons également constaté que l'exposition prénatale au paracétamol affecte les garçons et les filles de la même manière, car nous n'avons observé pratiquement aucune différence" ajoutent les chercheurs.
En 2019, une étude similaire de l'Université de Bristol (Grande-Bretagne) montrait déjà le lien entre la prise régulière de paracétamol au cours de la grossesse et le développement de troubles de l'attention chez les enfants. Pour cette étude, l'équipe du Pr Jean Golding avait suivi le comportement de 14 000 enfants âgés de 6 mois à 11 ans, dont la mémoire et le QI ont été testés jusqu'à l'âge de 17 ans. À 7 mois de grossesse, 43% de leurs mères avaient déclaré avoir pris du paracétamol "parfois" ou "souvent" au cours des trois mois précédents. Les chercheurs avaient découvert une association entre la consommation de paracétamol et une hyperactivité et des problèmes d’attention, ainsi que d’autres comportements difficiles chez les enfants qui ne pouvaient être expliqués par des raisons sociales.
Ces recherches publiées dans la revue Paediatric and Perinatal Epidemiology viennent renforcer le conseil déjà donné aux femmes enceintes d'éviter de trop prendre d'antidouleurs au cours de leur grossesse.
Une autre étude dirigée par les chercheurs de l'Université d'Edimbourg, en Ecosse, avait montré qu'une consommation importante de paracétamol pendant la grossesse augmentait le risque d'infertilité chez les futures jeunes filles.