Ressources en eau : S'appuyer sur le mouvement associatif pour sensibiliser contre le gaspillage

Publié par DK NEWS le 01-05-2021, 16h59 | 51

L'Algérie doit miser sur le mouvement associatif pour mener de larges campagnes de sensibilisation auprès de la population et des agriculteurs contre le gaspillage de l'eau, a recommandé jeudi à Alger, l'expert international en hydraulique, Ahmed Kateb.

Face à l'épuisement des ressources hydrique, M. Kateb a estimé qu'il était "plus que nécessaire" pour les pouvoirs publics de mener des campagnes de sensibilisation sur la rationalisation de la consommation de l'eau notamment à travers un travail de proximité en partenariat avec la société civile.

"Certes, le pays a investi une somme colossale de 60 milliards de dollars dans les infrastructures de l'eau durant ces 20 dernières années, mais il a très peu investi dans la sensibilisation contre le gaspillage de cette ressource précieuse", a fait constater ce consultant qui s'exprimait sur les ondes de la Chaine III de la Radio algérienne.

Selon lui, il faut qu'il y ait une prise de conscience chez les citoyens sur la cherté de cette denrée vitale.

"Même si l'Etat maintient toujours sa politique de subvention de l'eau, le coût d e sa production et son prix réel devraient être mentionnés en rouge sur la facture à côté du prix subventionné afin que les gens puissent comparer d'eux même", a-t-il suggéré.

A titre comparatif, il a fait savoir que l'eau de mer dessalée revient à 160 dinars le mètre cube alors que le citoyen l'achète à 8 dinars.

Pour l'hôte de la radio, une politique de rationalisation de la consommation s'impose car les quantités de ressources hydriques évaluées à 12,3 milliards de mètres cubes, dont disposait l'Algérie durant les années 1970 sont en diminution continue, notamment avec le stress hydrique provoqué par les changements climatiques.

A cet effet, il propose la révision des tarifs, tout en adoptant une aid  ciblée, voire même une gratuité de la ressource pour les gens dont la moyenne de consommation avoisine les 10 mètres cubes par trimestre, soit le seuil fixé par l'Organisation mondiale de la santé pour une alimentation assez suffisante en eau.

Au-delà de cette barre, les tarifs devraient augmenter en fonction du volume consommé, selon cet expert. " En clair, ce serait les plus gros consommateurs qui payeraient le plus", a-t-il enchainé, estimant que c'est la tarification la plus équitable pour pousser les gens à rationaliser leur consommation et réparer les fuites d'eau qui sont en grande partie à l'origine de cette déperdition.

Face au déclin de cette ressource précieuse, cet expert a également souligné l'urgence de réaliser une étude sur la tarification en associant les experts et les secteurs directement concernés notamment l'agriculture et l'industrie.

Interrogé sur la nouvelle loi sur l'eau présentée au gouvernement, M. Kateb a estimé que ce projet était élaboré dans un délai relativement court et qu'il serait préférable de temporiser jusqu'à l'élection du nouveau parlement en octobre prochain afin qu'elle soit débattue et enrichie.

Par ailleurs, il a proposé l'élaboration d'une loi-programme pour les cinq ans à venir avec un budget conséquent afin de mieux évaluer les ressources disponibles et les besoins de l'Algérie tout au long de ses prochaines années, en tenant compte de certains paramètres dont la croissance démographique ainsi que l'évolution des activités agricoles et industriels qui devraient forcément booster la demande d'ici 2030.