Comment le gras dérègle-t-il la sensation de satiété ?

Publié par DK NEWS le 05-09-2020, 19h13 | 20

Si l'on connaît déjà les conséquences d'une alimentation trop riche en mauvaises graisses sur la santé, des chercheurs belges et français pensent avoir été découvert d'où provient notre envie irrépressible de remettre la main dans le paquet après les premières chips. Dans leurs recherches, publiées dans la revue Nature Communications ce lundi 28 janvier, ils décrivent le rôle d'une enzyme de l'intestin essentielle dans la régulation de l'appétit, qui dysfonctionne en cas de régime trop gras.
NAPE-PDL, UNE ENZYME ESSENTIELLE
Lorsque l'on mange, les messages de satiété sont portés par cette fameuse enzyme, appelée « n-acyl phosphatidylethanolamine phospholipase D » ou plus simplement « NAPE-PDL ». Produite par l'intestin, cette substance est chargée de transmettre les signaux de saturation jusqu'au cerveau. Les neurones anorexigènes sont ainsi activés dans l'hypothalamus, et font cesser la prise de nourriture. Mais dans le cas d'un régime continuellement riche en graisses, l'activité de la NAPE-PDL baisse. L'axe intestin-cerveau est altéré, et le contrôle de l'appétit se trouve dérégulé.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont réalisé des travaux sur des souris dépourvues de cette enzyme. Ils ont réalisé qu'en exposant ces rongeurs à un régime riche en gras, ils n'arrivaient plus à s'arrêter de manger, et mangeaient donc plus que des rongeurs normaux exposés à la même alimentation. Ils devenaient ainsi obèses et développaient un foie gras.
VERS DE NOUVEAUX TRAITEMENTS THÉRAPEUTIQUES
Ainsi, les scientifiques estiment que les personnes en surpoids ou obèses pourraient souffrir d'un dysfonctionnement de cette enzyme NAPE-PDL. « On a [...] mis le doigt sur un mécanisme clé dans la régulation du métabolisme. Cela ne va pas empêcher les personnes en surpoids ou obèses de manger, mais cela permet d'expliquer pourquoi elles ont tout le temps faim, et de chercher des solutions », explique à BFMTV Patrice Cani, professeur à l'université catholique de Louvain (UCL) qui a participé à l'étude.
Cette découverte pourrait en effet ouvrir la piste à de nouveaux traitements thérapeutiques pour lutter contre l'obésité. Les molécules produites par l'enzyme pourraient être administré aux patients pour réduire leur appétit. Des solutions pourraient également être développées pour empêcher la dégradation de la substance ou la réactiver.
« Dans le cadre de notre étude, on a notamment injecté la bactérie Akkermansia qui permet de restaurer le dialogue entre l'intestin et le cerveau.
Une start-up essaye de développer cette piste. Elle espère proposer un complément alimentaire d'ici 3 ans », annonce Patrice Cani. Cette bactérie serait en fait capable de moduler la production d'acides gras bioactifs, et ce sans passer par l'enzyme.