France : Il faut rendre les crânes des résistants algériens

Publié par Dk News le 09-06-2019, 15h44 | 194

Les crânes des résistants algériens doivent être   restitués à leur pays d'origine, a déclaré l'anthropologue Alain Froment   qui a dirigé pendant dix ans les collections d'anatomie du Musée de l'Homme   de Paris, soulignant le symbole que représentent ces résistants algériens.

«Bien sûr, on voit le symbole que représentent ces résistants algériens.   Nous en avons hérité pour des raisons historiques, mais il faut évidemment   les rendre, il n'y a aucun débat là-dessus», a affirmé ce docteur en   anthropologie biologique, chargé de la gestion du dossier de la restitution   des crânes à Algérie, dans une interview à l'hebdomadaire Le Journal des   arts, paru vendredi.

Il a indiqué que le musée «n'a pas la main» pour la restitution, en raison   des modalités du véhicule juridique qui restent «en suspens».  «C'est la raison de cette commission franco-algérienne», a-t-il expliqué,   précisant dans ce cadre que «la politique est distincte selon que les   restes sont nommés ou anonymes».

Il a ajouté que la commission, dirigée par le médecin légiste le   professeur Belhadj, fait en quelque sorte un «travail d'identification   judiciaire».  «Ensemble, nous examinons les cadavres un à un pour déterminer leur âge,   leur sexe. Ce travail collectif est salutaire puisqu'il nous a permis de   documenter de manière approfondie nos collections», a-t-il souligné,   indiquant que des archivistes algériens «étudient par ailleurs les archives   coloniales à Aix», qui ont déjà trouvé des éléments que «nous n'avions pas   ici et qui permettent d'identifier des crânes».  «Nous avons un mandat de la présidence, puisque Emmanuel Macron a dit que   nous restituerons les crânes des résistants algériens. Et il a bien dit   +résistants+», a-t-il tenu à souligner en réponse à une question sur la   restitution des autres restes d'Algériens conservés en France. Il a précisé que la plupart des crânes sont «anonymes» et qui «ne rentrent   pas dans la négociation».

«Si c'est un anonyme documenté comme victime d'une exaction, il est   possible de discuter : il rentre dans un fait de résistance ou d'exaction,   donc il y a réparation», a-t-il expliqué, indiquant qu'il y «381 crânes   algériens, dont la grande majorité proviennent des fouilles   archéologiques».

Par ailleurs, il a fait savoir que toute procédure de restitution est   encadrée par des circuits juridiques «complexes» que sont chargés de   démêler les membres de la commission franco-algérienne en lien avec les   autorités des deux pays.

Dans une interview à l'APS, en avril 2018, le chercheur algérien Ali Farid   Belkadi, à l'origine de la découverte au Musée de l'Homme de Paris des   crânes des résistants algériens, avait indiqué, rappelle-t-on, que parmi   les 536 restes mortuaires d'Algériens recensés, il y a 70 crânes   appartenant aux résistants de Zaâtcha (Biskra).  «Les 70 crânes de Biskra, sont bel et bien ceux de résistants de Zaâtcha,   qui furent décapités à la fin du siège de l’oasis par les soldats du corps   expéditionnaire français», avait précisé ce chercheur en histoire et   anthropologie, soulignant que certains ossements concernent la préhistoire.  «La présence de ces crânes et de divers ossements en provenance d’Algérie   est bel et bien établie et vérifiée dans la base de données du musée où   figurent les +spécimens+ informatisés et non l’intégralité des collections   qui restent encore à repérer et à cataloguer», avait-il ajouté.